Néons lumineux, foule dense, bruits et odeurs variés… Aller faire des courses dans un supermarché est une expérience particulière qui peut mettre nos sens à rude épreuve. Imaginez alors ce que cela représente pour une personne autiste. Pour atténuer cela, un supermarché britannique a mis en place les « heures calmes ». 

Mise en place des « heures calmes » dans des supermarchés britanniques

C’est une initiative originale et bienvenue qu’ont mis en place les supermarchés Morrisons au Royaume-Uni. Pour rendre l’expérience de « faire ses courses » moins stressante et oppressante pour des personnes atteintes de troubles autistiques, ils ont mis en place le système des « heures calmes » tous les samedis entre 9 h et 10 h. L’idée est de permettre à ces gens d’aller au supermarché dans le calme, sans « bip », avec des musiques silencieuses et de faibles lumières. Ce moment silencieux a pour but d’améliorer les conditions de shopping des personnes vivant avec une forme d’autisme, en réduisant leur surcharge sensorielle.

Pour ce faire, le groupe de supermarchés Morrisons (quatrième chaîne de magasins d’alimentation britannique) a travaillé de concert avec la National Autistic Society (NAS, Société Nationale de l’Autisme) pour améliorer l’expérience des consommateurs et consommatrices vivant avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA). L’initiative fait partie de la campagne de la NAS appelée « Trop d’informations ». L’année dernière déjà, plus de 5 000 magasins avaient participé à « l’heure autisme ». L’association espère encore étendre le projet. Tom Purser de la NAS s’explique : « Ils voient, entendent et sentent le monde de manière différente des autres, souvent d’une manière plus intense, ce qui peut rendre le shopping très difficile« . En France, 650 000 personnes sont atteintes d’un TSA.

Les supermarchés britanniques Morrisons ont mis en place les « heures calmes »

Rendre le shopping moins stressant pour les autistes

L’autisme est un trouble précoce du développement de l’enfant, qui apparaît avant l’âge de 3 ans et se caractérise par un isolement, une difficulté à interagir socialement et à comprendre la communication verbale et non verbale. Il s’accompagne généralement de troubles du comportement. De fait, l’environnement des magasins peut renforcer ces difficultés. Les données de la NAS montrent que plus de 60 % des personnes autistes évitent de faire les courses et que 79 % se sentent isolées socialement. D’où la pertinence du projet des « heures calmes ». Sur le site de Morrisons, on peut lire la déclaration suivante : « En écoutant les consommateurs, nous avons déterminé qu’un sur cinq avait un ami ou un proche autiste, et beaucoup aimaient l’idée d’être capable de faire les courses de manière plus agréable entre 9 et 10 heures le samedi« .

Plusieurs personnes confrontées à ce problème s’expriment sur la difficulté que représente le shopping. Lisa Chudley, mère de Max, atteint d’un trouble autistique, raconte ses difficultés à faire les courses avec son garçon : « On évite simplement les magasins, spécialement à l’heure d’affluence« . Un jour, alors que la livraison n’est pas possible, elle emmène Max au supermarché. Très vite, les lumières blanches, les bruits stridents et la foule perturbent l’enfant, qui se jette au sol, mains sur les oreilles, pour se protéger de la déferlante d’émotions qu’il subit. « Ce qui peut être une expérience assommante pour la plupart des gens est dix fois plus fort pour Max, qui ressent tout de manière plus intense. Certains magasins sont des environnements de torture pour les enfants autistes. »

Les personnes atteintes d’autisme ressentent du stress dans les magasins

Un moment qui n’a rien d’ordinaire pour les autistes

Il faut savoir que le phénomène n’épargne pas non plus les adultes. Billie Jade, 21 ans, tient le blog « Tu sembles pas autiste, pourtant ! ». Elle y documente dedans son quotidien. « Je vais parfois aller dans un supermarché prendre quelques ingrédients pour faire de la pâtisserie, mais je m’assure avant d’entrer d’avoir des photos sur mon téléphone de ce que je veux exactement, pour pouvoir entrer et sortir le plus vite possible. » Selon elle, certaines choses anodines pour les personnes « ordinaires » prennent des proportions extraordinaires.

« Se faufiler dans une foule de gens qui parlent fort avec toutes les odeurs autour n’est pas une bonne expérience pour moi. […] En plus, je trouve la manière dont sont arrangés les rayons très perturbante et j’ai souvent du mal à repérer ce que je cherche. » Trop souvent hélas, Billie repart les mains vides, incapable de demander de l’aide. Ces témoignages prouvent à quel point l’initiative des supermarchés Morrisons est pertinente et utile. Le dispositif « heure calme » semble avoir un bel avenir devant lui.

L’environnement du supermarché peut agresser les sens d’un autiste

Il faut savoir que l’initiative « heure calme » a déjà eu lieu dans d’autres magasins au Royaume-Uni, ainsi qu’en Australie et en Nouvelle-Zélande, pour des durées plus ou moins longues. Preuve s’il en est, que l’idée est intéressante. Au printemps 2017, la chaîne de magasins de jouet Toys « R » Us avait tenté l’expérience, ce qui reste une exception dans l’Hexagone à ce jour.

 

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