Actuellement, les compagnies suédoises enregistrent une baisse notable de leur clientèle. Est-ce à cause de l’actuelle controverse sur l’impact du transport aérien sur l’environnement ou est-ce à cause d’autres conjonctures ? Il est peut-être trop tôt pour le dire mais, ce qui est sûr, c’est que les compagnies aériennes commencent à grimacer tandis que les compagnies ferroviaires se frottent les mains.
Quand la honte de voler se fait ressentir dans les recettes des compagnies aériennes
Notons que cette baisse du nombre de voyageurs prenant l’avion ne date pas d’hier. En effet, selon Le Monde, elle a commencé dès la fin de l’année 2018 pour s’accentuer en janvier et continuer jusqu’à maintenant. L’Agence suédoise du transport, ou Transportstyrelsen en suédois, a enregistré une baisse de 3,8 % du nombre de passagers de janvier à juillet 2019.
De plus, cette baisse se ressent non seulement autant sur les vols nationaux (avec une diminution de 8,7 % du nombre de passagers) que sur les vols internationaux (avec une baisse de 2,6 % depuis janvier 2019). La question qui se pose est de savoir si cette situation va perdurer ou si elle n’est que temporaire. A cette question, Jean-Marie Skoglund, spécialiste du trafic aérien auprès du Transportstyrelsen, cité par Le Monde, répond qu’il faudra « attendre un an ou deux pour pouvoir tirer des conclusions ».
Quelles sont les différentes causes potentielles de cette diminution ?
Selon les explications de M. Skoglund, cette baisse pourrait s’expliquer par les évolutions conjoncturelles, notamment la période de ralentissement économique vers laquelle la Suède se dirige actuellement d’une part ; et « la banqueroute de la compagnie régionale Nextjet au printemps 2018 ainsi que la grève des pilotes de Scandinavia Airlines qui a duré une semaine en avril dernier et conduit à l’annulation de dizaines de vols » d’autre part.
Chez les compagnies aériennes, chacune explique cette baisse comme elle le peut. L’opérateur Swedavia AB, qui gère 10 des principaux aéroports de Suède, explique que ce ralentissement n’est pas étonnant étant donné que la compagnie a enregistré une croissance de 6 % en moyenne sur les 10 dernières années. Mais Charlotte Ljunggren, directrice marketing de l’entreprise citée par Le Monde, reconnait que le débat sur le changement climatique a probablement quelque chose à voir avec cette baisse.
Quid de la honte de voler ?
Néanmoins, pour certaines compagnies aériennes, il ne fait aucun doute que la honte de voler, ou flygskam en suédois, pèse dans la balance. Ulrika Matsgard, directrice des ventes de Braathens Regional Airways (BRA), la pointe notamment du doigt en déclarant dans l’article du Monde que « la culpabilisation de ceux qui prennent l’avion depuis l’automne 2018 a agi rapidement. Elle est particulièrement manifeste sur les lignes les plus courtes comme Göteborg-Stockholm, où le trafic ferroviaire a augmenté tandis que nous perdions des clients. »
Pour le cas de cette compagnie BRA, qui contrôle 30 % des vols intérieurs en Suède, elle a annoncé un vaste plan de restructuration dont le remplacement de 10 avions à réaction par des appareils turbopropulseurs, plus petits et moins polluants, explique Le Monde. Un changement qui a amené au licenciement d’un tiers d’un groupe de 1.000 salariés. Selon cette directrice des ventes, « la solution n’est pas d’attaquer l’avion, dont le fonctionnement de nos économies et nos sociétés sont dépendants, mais d’en réduire l’impact sur le climat ».
Alors que les compagnies aériennes se plaignent de cette situation, la compagnie ferroviaire Statens Järnvägar se frotte les mains. Elle a effectivement enregistré une hausse de 8 % de son trafic lors du premier trimestre de cette année. Reste à savoir si la situation continuera dans ce sens, au grand dam des compagnies aériennes suédoises, et si cette situation aura des répercutions dans d’autres pays.
Par Arielle Lovasoa, le
Source: Le Monde
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