La France, l’Allemagne, l’Italie et les Pays-Bas lancent un plan commun pour bâtir une Europe numérique souveraine. L’Europe veut reprendre la main sur ses technologies clés. Quatre pays fondateurs annoncent un plan ambitieux pour construire des infrastructures numériques souveraines. Objectif : se libérer de la dépendance aux géants américains et chinois.

L’Europe ne veut plus dépendre des géants américains et chinois du numérique
Aujourd’hui, plus de 80 % des infrastructures numériques utilisées en Europe proviennent de l’étranger. Et ça coince. Cloud, IA, cybersécurité, outils collaboratifs : les services critiques sont dominés par les GAFAM ou les fournisseurs chinois. Résultat : une perte de contrôle stratégique, politique et économique.
Face à cette situation préoccupante, ce 29 octobre, quatre pays européens – France, Allemagne, Italie, Pays-Bas – ont décidé de tracer une autre voie. Leur projet commun, EDIC Digital Commons, vise à développer des technologies ouvertes, partagées et européennes. Autrement dit, l’objectif est de reprendre la main, bâtir une infrastructure commune et souveraine, et surtout sortir de cette dépendance toxique.
Un consortium inédit pour créer des technologies ouvertes, souveraines et européennes
C’est une première historique : l’Allemagne rejoint un consortium numérique européen. Et le message est clair. Ce n’est pas une coopérative gentille, c’est une alliance stratégique. Mutualisation des moyens, code open source, infrastructure cloud commune, outils alternatifs… Le tout pensé pour être interopérable, durable et gouverné par les États eux-mêmes.
En parallèle, on parle ici de plateformes souveraines, conçues par et pour les Européens, avec leur propre personnalité juridique. Thomas Jarzombek, côté allemand, parle de valeurs partagées, de confiance, de contrôle. Stéphanie Schaer, côté français, insiste sur « l’élan collectif ». Et Rome, très moteur sur le projet, y voit même une chance de créer un vrai marché pour les PME tech européennes. Bref, une dynamique politique et industrielle inédite est en marche.
Un financement durable et pensé pour résister dans le temps
Depuis longtemps, l’une des critiques récurrentes envers les projets européens, c’est leur tendance à s’essouffler. Cette fois, pourtant, l’EDIC promet un modèle économique durable. Traduction : pas juste des fonds au démarrage, mais un mécanisme pérenne pour développer, maintenir et diffuser ces « communs numériques ».
De plus, c’est un mot important, « communs » : on ne parle pas d’outils fermés ou propriétaires, mais de ressources partagées, accessibles, adaptables. Ainsi, IA, cybersécurité, géomatique, outils collaboratifs, même les réseaux sociaux alternatifs sont sur la table. Une manière concrète et ambitieuse de créer des standards européens durables et compétitifs, avec une vraie vision à long terme.
Une ambition réaliste ou un rêve européen de plus ? Ce qu’il faut en penser
Soyons honnêtes : on a déjà vu passer des dizaines d’initiatives européennes dans la tech. Certaines sont tombées dans l’oubli. Pourtant, cette fois, quelque chose change. Il y a une volonté politique forte, une vision partagée et un calendrier concret.
Enfin, et ce n’est pas un détail, le lancement officiel est prévu le 11 décembre à La Haye, avec déjà d’autres pays comme la Slovénie, la Pologne ou le Luxembourg en observateurs. Le pari, c’est donc de jouer une autre partition, loin des logiques de rente des GAFAM. Le succès dépendra, comme toujours, de l’exécution. Mais au moins, cette fois, l’Europe commence enfin à parler d’une seule voix numérique.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Catégories: Technologie, Entreprises & Startups