L’intelligence artificielle réinvente déjà la façon dont on écrit, dessine ou filme. Désormais, elle s’attaque à un nouveau territoire hautement symbolique : la musique. Si OpenAI met effectivement au point une IA capable de composer sur commande, quel avenir reste-t-il aux musiciens, compositeurs et artistes sonores ?

OpenAI travaille sur une IA musicale capable de créer des morceaux à partir de texte ou d’audio
Une rumeur persistante, relayée par The Information et TechCrunch, annonce qu’OpenAI plancherait sur une intelligence artificielle capable de composer de la musique à partir d’un simple prompt texte ou audio. Imaginez : vous tapez « une ballade folk mélancolique avec des harmonies vocales », et l’IA vous livre un morceau complet.
Cela ne sort pas de nulle part. OpenAI a déjà expérimenté la musique avec MuseNet ou Jukebox, mais là, il s’agirait d’une technologie plus avancée, plus accessible, et probablement intégrée à Sora, son générateur de vidéos. L’idée ? Automatiser toute la création audiovisuelle, musique comprise. Et pour entraîner sa future IA, OpenAI travaillerait avec des étudiants d’une grande école de musique américaine. Autrement dit : les dés sont lancés.
Si cette IA devient réalité, quels seront les risques pour les musiciens ?
Soyons honnêtes : l’arrivée de cette technologie pourrait ébranler bien des repères. Un compositeur qui met 15 jours à créer un morceau face à une IA qui le fait en 30 secondes ? Difficile de lutter sur le plan de la productivité. Et que dire des musiques générées à la volée pour des pubs, des jeux, des vidéos sociales ?
Plus grave encore, certains s’interrogent sur les données d’entraînement. Si l’IA apprend en ingérant des morceaux existants sans autorisation, cela pose une vraie question de droits d’auteur et d’éthique. Et puis il y a la valeur symbolique : une mélodie générée par une machine peut-elle égaler l’intention d’un artiste, ses faillements, ses choix intuitifs ?
Et si cette même IA ouvrait des opportunités inattendues aux créateurs ?
Mais tout n’est pas si noir. J’ai dû moi-même, un jour, utiliser une IA pour tester une mélodie sur une vidéo de projet. Résultat ? Une bonne base… que j’ai vite remixée, arrangée, twistée. L’outil ne remplace pas, il catalyse.
Cette technologie pourrait permettre aux artistes de prototyper, d’explorer de nouveaux styles, de gagner du temps. Et puis, plus l’IA sera présente, plus le public cherchera de l’authentique, du sensible, du vivant. Le musicien pourrait alors jouer cette carte différenciante, comme une résistance poétique.
Des métiers pourraient émerger : prompt designer musical, curateur d’IA sonore, ou même « compositeur augmenté ». Des labels proposeront peut-être des albums hybrides : IA + humain, en toute transparence.
Les artistes ont encore toutes leurs chances, à condition de s’adapter et de revendiquer leur humanité
Alors, les artistes sont-ils condamnés ? Je ne le crois pas. Mais leur métier change, irréversiblement. Ceux qui sauront s’emparer de ces outils pour enrichir leur créativité auront une longueur d’avance. Ceux qui miseront sur la valeur humaine de leur musique, aussi.
Nous entrons dans une époque où l’IA peut composer. Mais elle ne peut pas ressentir, douter, se souvenir, rêver. C’est peut-être là, la clef.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Catégories: Technologie, Robots & IA