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Sous le Japon, un monde caché : ce que révèle cette mission dans les abysses change notre vision de la planète

Une expédition inédite a plongé dans les tranchées marines du Japon, explorant jusqu’à 10 000 mètres de profondeur. Elle y a découvert une biodiversité spectaculaire, adaptée à l’obscurité, au froid extrême et à une pression colossale. Un monde vivant insoupçonné se révèle dans les abysses.

Submersible illuminant des créatures marines bioluminescentes dans les profondeurs abyssales.
Un submersible de recherche explore les abysses, révélant une biodiversité bioluminescente exceptionnelle dans les grandes profondeurs océaniques. – DailyGeekShow.com / Image Illustration

Une technologie de pointe pour une plongée dans l’inconnu des grandes profondeurs

À l’été 2022, une équipe internationale a exploré trois tranchées sous-marines au large du Japon, à bord du submersible Limiting Factor. Cet engin conçu pour supporter des pressions extrêmes a permis d’atteindre près de 10 000 mètres, un seuil rarement franchi dans l’histoire de l’exploration océanique.

Les scientifiques ont filmé plus de 750 minutes de séquences à ces profondeurs abyssales. L’analyse a révélé près de 30 000 organismes, classés en 70 morphotaxa et 11 grands groupes biologiques. Ces données représentent une avancée majeure dans l’étude des milieux extrêmes encore largement méconnus.

Chaque fosse océanique révèle un écosystème façonné par ses ressources et sa géologie propre

La fosse du Japon bénéficie d’un apport massif de matière organique grâce au courant Kuroshio. Cela favorise la prolifération d’espèces comme les crevettes filtreuses ou les concombres de mer qui exploitent les sédiments riches en nutriments. Cet environnement dense permet une vie active au fond des mers.

Dans la fosse de Ryukyu, en revanche, la pauvreté en carbone limite la biodiversité. Les espèces y sont plus généralistes, capables de survivre dans un milieu pauvre. Quant à la fosse d’Izu-Ogasawara, la plus profonde, elle abrite des formes de vie adaptées aux parois rocheuses, comme les éponges carnivores ou les crinoïdes fixés.

Les secousses sismiques fréquentes modifient l’habitat des fosses, notamment celle du Japon. Ces bouleversements créent un environnement instable, propice à certaines espèces colonisatrices. Les zones stables favorisent plutôt la diversification biologique sur le long terme.

Ces abysses agissent comme des pièges à carbone qui atténuent le réchauffement climatique

Les tranchées jouent un rôle clé dans le cycle du carbone. La matière organique qui atteint ces profondeurs se décompose très lentement, permettant une séquestration efficace du CO₂ sur le long terme. Ce phénomène contribue à atténuer les effets du réchauffement climatique à l’échelle planétaire.

Les scientifiques observent que la diversité des espèces dépend de la stabilité des sédiments. Les zones perturbées présentent une biodiversité faible mais une biomasse élevée, tandis que les régions anciennes abritent une faune plus variée. Cette dynamique influence directement la captation du carbone.

Les premières images ne sont que le début d’une exploration scientifique de long terme

La mission confirme que la connaissance des abysses est encore très fragmentaire. Chaque plongée dévoile de nouvelles espèces, des comportements inconnus ou des adaptations inattendues. Ces données alimentent une base de recherche essentielle pour comprendre les processus biologiques à grande profondeur.

En révélant la richesse insoupçonnée des tranchées japonaises, l’expédition ouvre la voie à l’exploration d’autres fosses marines encore inaccessibles. Ces travaux alimentent également des réflexions sur la conservation des milieux extrêmes, aujourd’hui menacés par les projets d’exploitation minière en haute mer.

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