
La dé-extinction, un domaine qui semblait appartenir à la science-fiction, avance à grands pas grâce aux innovations technologiques. Colossal Biosciences, une entreprise pionnière dans ce domaine, vient de réaliser une avancée en parvenant à développer un embryon de thylacine en utilisant un utérus artificiel. Ce projet ambitieux pourrait non seulement révolutionner la réintroduction des espèces disparues, mais aussi offrir des solutions pour la conservation des espèces menacées actuelles.
L’acteur clé de la dé-extinction
Colossal Biosciences est une entreprise de biotechnologie qui se distingue par ses projets de dé-extinction. En obtenant un financement supplémentaire de 200 millions de dollars, elle totalise désormais 435 millions de dollars pour financer ses recherches. Cette somme a permis à la société de développer des technologies pour contrer l’extinction des espèces, avec des résultats prometteurs tant dans la conservation des animaux que dans les soins de santé humains.
Le professeur George Church, cofondateur de Colossal et chercheur à Harvard et au MIT, a déclaré que leur mission consistait à « transformer la science-fiction en réalité scientifique » en développant des technologies permettant de réintroduire des espèces disparues. Colossal se distingue par ses projets ambitieux, visant à ramener des espèces telles que le mammouth, le dodo ou le thylacine, en utilisant des innovations génétiques qui ont des applications à grande échelle dans la biologie de la conservation.
Dans le cadre de leur travail sur le mammouth, par exemple, l’entreprise a séquencé les génomes d’éléphants d’Afrique, d’Asie et de damans, et a modifié des gènes pour recréer les caractéristiques permettant à ces animaux de survivre dans des environnements froids. Pour le dodo, Colossal a créé un génome de référence du pigeon de Nicobar, le plus proche parent du dodo, afin de préparer la reconstitution de cette espèce disparue.
Un défi relevé par la biotechnologie
Le thylacine, marsupial autrefois présent en Australie, en Tasmanie et en Nouvelle-Guinée, est l’une des espèces disparues que Colossal cherche à ramener à la vie. Le dernier thylacine connu est mort en 1936, mais grâce aux avancées génétiques, la société espère recréer cette espèce disparue.
Un des principaux défis de ce projet est de produire des thylacines sans avoir recours à des mères porteuses. Pour cela, l’entreprise a développé un utérus artificiel capable de soutenir le développement des embryons de marsupiaux en dehors du corps de la mère. Outre la création d’un prototype d’utérus artificiel, Colossal a récemment révélé qu’elle avait réussi à cultiver des embryons de marsupiaux unicellulaires fécondés jusqu’à plus de la moitié de la grossesse dans l’appareil.
Selon Ben Lamm, cofondateur de Colossal, cette technologie de pointe permet de contrôler avec une grande précision l’environnement de l’embryon, grâce à un système microfluidique avancé et à un contrôle des gaz. Afin de s’assurer que chaque étape du développement se déroule comme prévu, il permet également de photographier l’embryon au cours de son développement. Le dispositif pourrait être utilisé pour produire des jeunes thylacines à grande échelle, facilitant ainsi leur réintroduction dans la nature.
De la dé-extinction à la conservation des espèces vivantes
Bien que la dé-extinction des thylacines soit un objectif de Colossal, cette technologie a des implications bien plus larges. En effet, l’utérus artificiel pourrait également servir à la conservation des espèces menacées encore en vie. Sans les difficultés liées à la maternité de substitution, des animaux vivants pourraient être créés à partir de cellules d’animaux en voie de disparition stockées dans des biobanques, à l’aide d’un utérus artificiel..
Les marsupiaux, avec leur courte période de gestation et leur placenta peu développé, représentent un excellent point de départ pour tester cette technologie. Les chercheurs de Colossal prévoient également d’étendre cette méthode à d’autres espèces, comme la souris, dont la gestation est plus longue et implique un placenta plus complexe.
Répondre aux besoins nutritionnels évolutifs des embryons à différents stades de développement présente encore des difficultés, mais si celles-ci sont résolues, cette méthode pourra être appliquée à d’autres espèces animales. Pour rappel, une nouvelle étape vient d’être franchie pour ramener le mammouth laineux à la vie.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: IFL Science
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