stratosphère
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Des ballons solaires flottant à 20 kilomètres d’altitude ont enregistré des sons à basse fréquence qui, jusqu’à présent, n’ont pu être reliés à aucune source connue.

Sonder la seconde strate de l’atmosphère

Seconde strate de l’atmosphère, la stratosphère s’étend entre 12 et 50 kilomètres au-dessus du sol. Remplie d’ozone bloquant les ultraviolets, il s’agit d’un endroit calme, avec relativement peu de turbulences. À cette altitude, la majorité des sons sont des réverbérations à très basse fréquence provenant de la surface de la Terre.

Il se trouve que les scientifiques y envoient des ballons depuis les années 1890. Connue sous le nom de Projet Mogul et destinée à détecter les bruits des essais atomiques soviétiques, l’une des premières expériences de ballon microphonique s’était écrasée à Roswell en 1947. Un incident ayant inspiré de nombreuses théories sur les ovnis.

Dans le cadre de travaux présentés à l’occasion de la 184e réunion de l’Acoustical Society of America, Daniel Bowman et ses collègues des laboratoires nationaux Sandia ont fabriqué des ballons d’environ 7 mètres de diamètre en plastique fin. Ces dispositifs simples, dont le coût a été estimé à quelques dizaines d’euros pièce, ont flotté pendant des heures dans la stratosphère, dérivant avec leurs capteurs sonores sur des centaines de kilomètres.

« Nos ballons sont essentiellement des sacs en plastique géants avec de la poussière de charbon de bois à l’intérieur pour les assombrir », explique le chercheur. « Lorsque les rayons de Soleil frappent sa surface, l’air à l’intérieur se réchauffe et le ballon flotte. Cette énergie solaire passive est suffisante pour amener les ballons de la surface à une altitude de plus de 20 km. »

De mystérieux grondements enregistrés dans la stratosphère

Alors que les capteurs d’infrasons (inaudibles pour l’oreille humaine) au sol captent généralement les signaux déviés par les vents lors de leur descente, dans la stratosphère, les ballons enregistrent les échos d’évènements tels que les éruptions volcaniques, les tempêtes marines ou les lancements de fusées. Cependant, il s’avère que l’origine de nombre de ces signaux ne peut actuellement être retracée.

Grondements faibles et récurrents, les mystérieux sons enregistrés pourraient être liés à des types de turbulences atmosphériques jamais documentés auparavant, ou d’échos brouillés au point de devenir méconnaissables. Si le volume relativement faible de données actuellement disponibles empêche toute hypothèse éclairée, Bowman et ses collègues prévoient de continuer à sonder la stratosphère afin d’établir l’origine de ces bruits, en étudiant notamment leur variabilité selon les saisons et les régions du globe.

L’équipe collabore actuellement avec la NASA afin de développer une technologie similaire pour un endroit encore moins exploré : les nuages de Vénus. Selon le scientifique, les infrasons captés pourraient notamment éclairer l’activité sismique de cette planète infernale.

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