Brexit, élections américaines ou primaires de la droite, tout semblait aller en faveur d’une décision quasi-unanime des électeurs selon les sondages. Cependant, les actualités sur ces différents sujets nous ont prouvé le contraire. Alors que les instituts de sondage sont censés être de plus en plus précis, comment se fait-il qu’ils se soient si lourdement trompés et ce, depuis des années ?
La victoire de François Fillon à la primaire de la Droite, l’élection de Donald Trump ou encore le Brexit sont autant d’événements qui ont marqué l’actualité de 2016 d’une part par leur caractère surprenant mais principalement car les sondages affirmaient que ces derniers n’arriveraient pas. Un constat qui fait que beaucoup de personnes se posent la question suivante : pourquoi les sondages se sont-ils trompés à ce point ?
Avant de comprendre les raisons de ces échecs, il est important de savoir comment est réalisé un sondage d’opinion. Les instituts spécialisés (en France, on compte parmi les plus connus l’INSEE, Ipsos ou encore IFOP) utilisent pour les réaliser la technique dite « du quota ». Ils sélectionnent au hasard un panel de gens représentatifs de l’ensemble de la population et choisis en fonction de leur âge, de leur sexe, de leur situation professionnelle…
Les sondeurs recueillent les avis des personnes retenues (ce que l’on appelle des résultats bruts) qui font l’objet de corrections avant publication, des corrections basés sur les résultats des scrutins précédents. Plus le nombre de personnes participant au sondage est élevé plus le résultat est fiable. Cependant, interroger plus de personnes coûte cher et c’est pour cela que la technique des quotas est employé même si la marge d’erreur est alors plus importante.
Si le choix des électeurs diffère tant des opinions exprimés dans les sondages ces derniers mois, le fait que ceux-ci se trompent est un phénomène qui ne date pas d’hier. Par le passé, les sondages donnaient gagnants des candidats qui n’ont été élus ou qui n’ont même pas passé le Deuxième tour comme Lionel Jospin en 2002 ou Ségolène Royal en 2007. Le phénomène est donc devenu récurrent et il serait justifié par le comportement des électeurs.
Derrière ces résultats à l’opposé des prédictions des sondages se cachent trois paramètres qui font généralement pencher la balance. La première concerne le public français et plus particulièrement les résultats des sondages effectués dans notre pays. Il est en effet interdit à ces instituts de publier des résultats de sondages 15 jours avant le vote.
Or, l’opinion que l’on peut avoir d’une personne est aussi changeant qu’une girouette et les électeurs peuvent changer d’avis au dernier moment. Si un sondage annonce gagnant un candidat inattendu mais que celui-ci est réalisé 3 jours avant le vote, impossible donc pour le grand public de le savoir car il doit rester secret pour ne pas influencer le choix dans l’isoloir. C’est par exemple le cas pour François Fillon car tous les sondages ont montré une progression de l’opinion sur le candidat allant de 20 à 30 % d’intention de vote le 18 novembre alors que ceux-ci voyaient un duel opposant Nicolas Sarkozy à Alain Juppé au deuxième tour quelques semaines auparavant.
La deuxième raison qui peut justifier ces échecs des sondages est justement le dernier résultat publié s’il contient des chiffres importants. Un sondage trop favorable peut en effet démobiliser les électeurs qui peuvent supposer que même sans voter, le candidat donné gagnant l’emportera. C’est ce qui a pu se produire aux Etats-Unis : le 7 novembre, les sondages annonçaient que Donald Trump perdrait la présidentielle avec le plus mauvais score jamais réalisé par un candidat (estimé à l’époque à 38,9% des voix en sa faveur).
Enfin, la dernière raison qui justifie la différence entre résultats de sondage et choix des électeurs est ce que les spécialistes appellent le « vote contraignant ». Ce comportement qui fait de plus en plus d’adeptes au fil des ans fait qu’un électeur choisit non pas de voter pour ce en quoi il croit, mais pour le candidat qui est donné perdant. Très présent chez les petits candidats à la présidentielle française, il peut également justifier la victoire surprise du Brexit alors que 6 sondages différents avaient prédit entre le 17 et le 22 juin derniers que celui-ci ne réunirait que 48 % des voix contre 52 % pour le maintien du Royaume-Uni dans l’Union Européenne.
Si toutes les raisons évoquées peuvent justifier les récents échecs des sondages, il ne faut pas oublier que ce n’est pas une science exacte. Un sondage ne fait que révéler une partie de l’opinion public à un moment précis. Il ne reflète pas nécessairement l’avis de tous les électeurs d’autant que les sondés peuvent changer d’avis du jour au lendemain. Il ne faut donc pas forcément se fier aux sondages publiés : ceux-ci donnent une idée de la tendance mais rien ne remplace son vote dans les urnes car c’est lui au final qui décide du vainqueur d’un vote.
Par Justine Manchuelle, le
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