Sojourner Truth est née en 1797, en tant qu’esclave et sous le nom d’Isabella Baumfree. A 29 ans, lors de la naissance de sa fille, elle s’échappa de la maison qui la retenait prisonnière, mais elle dut y laisser son fils. Pour le retrouver, Truth a poursuivi en justice un homme blanc, et elle fut la première femme noire à justement réussir à gagner.

Suite à cette victoire juridique, cette grande femme a lutté pour l’abolition de l’esclavage et les droits des femmes. En 1851, elle prononça le discours “Ain’t I a Woman ?” dans l’Ohio, qui est aujourd’hui encore une référence. Ses paroles ont eu un impact très vaste et ont servi toutes les causes pour lesquelles elle luttait. Lumière sur cette femme exceptionnelle.

Lorsqu’on parle de féminisme, les références sont souvent dirigées vers l’ensemble d’idées et d’arguments accusant les inégalités que subissent les femmes par rapport aux hommes. En d’autres termes, le féminisme promeut l’égalité homme-femme via les modalités d’amélioration de ces conditions. A cet effet, Isabella Baumfree, alias Isabella Van Wagener, alias Sojourner Truth, fait partie des figures représentatives féministes.

Au cours du XIXe siècle, cette militante a consacré la majeure partie de son existence à lutter pour les droits civiques des Noirs, plus particulièrement ceux des femmes noires. En tant qu’esclave affranchie, elle s’est dévouée corps et âme dans l’abolition de l’esclavage pour libérer son peuple assujetti. Le discours qu’elle prononça, en 1851 à la Women’s Convention d’Akron dans l’Ohio aux États-Unis, restera gravé à jamais dans les événements historiques et les annales de l’histoire des droits des femmes ainsi que du féminisme.

Comment est né le personnage de Sojourner Truth ?

Isabella Baumfree est née dans l’État de New York, pendant l’esclavage en 1797. Dès son plus jeune âge, elle eut à travailler dans de difficiles conditions physiques. En plus des coups de fouet, elle était traitée violemment. En 1815, elle mit au jour son premier enfant, fruit de son union avec un autre esclave. Au total, elle eut cinq enfants, dont Peter qui a été vendu illégalement en tant qu’esclave en Alabama. En 1826, elle prit la fuite avec sa fille Sophia pour rejoindre la famille des Van Wagener. C’est pour cette raison que certains l’appelaient Isabella Van Wagener. En tant que famille abolitionniste, les Van Wagener ont payé en échange de sa libération la valeur de vingt dollars à cette époque.

En 1827, Isabella obtient son affranchissement avant de mener un procès pour la libération de son fils Peter. Sa ténacité et ses compétences lui ont valu la victoire du procès. Cette aubaine l’inscrit dans l’histoire en tant que femme noire à gagner ce type de procès contre un homme blanc, rapporte National Women’s History Museum. Par ailleurs, elle a toujours été une femme de foi.

Une figure de la lutte abolitionniste et féministe

Même si elle n’avait pas appris à lire ni à écrire, elle a acquis de ses expériences une parfaite éloquence. Des qualités oratoires et pédagogiques qui lui seront toujours favorables au cours de ses présentations. De ses interventions, elle a su se forger une excellente réputation. En 1846, aidée par Olive Gilbert, elle dévoile une autobiographie intitulée « Narrative of Sojourner Truth : A Northern Slave ».

Elle participa au mouvement abolitionniste ainsi qu’au mouvement suffragiste, particulièrement sur le droit de vote de la femme. Les causes de la population afro-américaine lui tenaient à cœur. Durant la guerre de Sécession, Sojourner Truth a continué à répandre ses idées sur les conditions serviles des femmes, les égalités entre les femmes noires et blanches, sans oublier l’abolition de l’esclavage. Au cours de cette période, Truth a aidé des esclaves pour qu’ils acquièrent la liberté. Ensuite, elle mit son énergie au service de l’armée de l’Union dans le but d’apporter une aide aux soldats afro-américains. Truth a su mobiliser des récoltes de fonds pour approvisionner les troupes noires. Ses actes ont été reconnus par la Maison-Blanche. La guerre terminée en 1864, le président Abraham Lincoln organisa une entrevue avec Sojourner Truth pour lui témoigner son respect et sa gratitude face à ses agissements. Elle fut également à l’origine des acquisitions des terres par les anciens esclaves grâce à des milliers de signatures obtenues lors d’une pétition en faveur de cette cause.

« Ain’t I a Woman ? »

En 1851, elle fut présente à la Women’s Convention d’Akron dans l’Ohio. C’est pendant l’événement qu’elle demanda la parole à Frances Dana Barker Gage, organisatrice de la convention. Ce discours va alors marquer l’esprit de tous les intervenants de l’événement. Outre les revendications à l’égard du féminisme, l’expression la plus marquante lors de sa prise de parole fut la rhétorique « Aint’ I a Woman ? » (« Ne suis-je pas une femme ? »). A noter que ses paroles ont été spontanées et qu’aucune version écrite n’a été utilisée par Truth. La retranscription du discours se fera alors en deux versions bien différentes : une version écrite par un homme noir, Marcus Robinson, et publiée dans le journal Anti-Slavery Bugle le 21 juin 1851 ; et une tout autre version, considérée comme la plus pertinente, ne sortira que 12 ans après, écrite par Frances Dana Gage en 1863.

Du haut de ses 1m83 et de son énorme charisme, Sojourner Truth a dédié son existence à aider les gens ainsi qu’à bâtir une Amérique meilleure avant de partir paisiblement le 26 novembre 1883 à Battle Creek. Sa sépulture se trouve au cimetière d’Oak Hill, dans le comté de Calhoun dans le Michigan. Ses actes lui ont valu une intégration au tableau d’honneur des femmes les plus importantes du Michigan en 1983. En 1997, le robot de la sonde spatiale Mars Pathfinder de la NASA fut baptisé « Sojourner » en sa mémoire et son buste en bronze fut érigé au Capitole à Washington en 2009.

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