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De récentes fouilles réalisées sur les berges de la Seine, à Clichy-la-Garenne, ont permis la mise au jour d’un site préhistorique renfermant de nombreux outils taillés selon une méthode néandertalienne.

Un site néandertalien aux portes de Paris

Les chercheurs de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), à l’origine de ces découvertes, ont rapporté qu’il s’agissait du premier site néandertalien mis au jour à proximité de Paris depuis la fin du XIXe siècle. Remontant au Paléolithique moyen (-350 000 ans à -45 000 ans), les éclats tranchants en silex taillés exhumés par les archéologues se trouvaient en bordure de fleuve, sous près de quatre mètres de remblai, et se révèlent typiques d’une méthode de taille associée à l’Homme de Néandertal.

Connue sous le nom de « Méthode Levallois », cette technique de débitage complexe, consistant à préétablir quels types d’éclats de pierre l’artisan-tailleur obtiendrait de la matière première, avait été révélée lors de fouilles réalisées dans les grandes carrières de Clichy-Levallois il y a 150 ans environ, lors de l’aménagement du Paris haussmannien.

Fait insolite, il se trouve que les récentes découvertes, incluant également des restes de cheval et de bison ainsi qu’un fragment de défense d’éléphantidé très abîmé dans des strates plus élevées du site, sont également intervenues dans un contexte de réaménagement du Grand Paris.

Les restes de grands herbivores découverts sur place, dont la présence dans la région à cette époque reculée avait été mise en évidence par de précédentes fouilles ayant notamment conduit à la découverte de plusieurs restes de mammouths laineux, suggèrent que le site de Clichy-la-Garenne n’était pas un atelier de fabrication, mais quelque chose de plus instantané.

« Ils n’étaient pas dans une logique de ‘rentabilité’ qu’on retrouve davantage chez Sapiens »

« Les hommes se seraient probablement arrêtés à cet endroit et auraient taillé des pierres pour un besoin immédiat – par exemple consommer la faune trouvée à côté », note Sophie Clément, responsable scientifique du chantier. « Ils maîtrisaient si bien la technologie qu’ils pouvaient se permettre de tailler quelques éclats et repartir en laissant leurs outils sur place. Ils n’étaient pas dans une logique de ‘rentabilité’ qu’on retrouve davantage chez Sapiens. »

Selon l’Inrap, les recherches actuellement menées constituent « une occasion unique d’observer, dans une large fenêtre, ses stratigraphies, d’entreprendre des études géomorphologiques et paléo-environnementales pour comprendre la formation du paysage et d’appliquer des méthodes de pointe ».

Ces dernière semaines, l’Homme de Néandertal s’est retrouvé au cœur de l’actualité pour des raisons bien différentes. Des recherches ont en effet suggéré que certains de ses gènes étaient à l’origine d’une sensibilité accrue à la douleur chez l’Homme moderne et favorisaient également les formes graves de Covid-19.

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