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Découverte du site susceptible d’abriter le cratère d’impact terrestre le plus récent

Malgré la présence de traces de cet impact à travers le monde, le cratère lui-même est resté insaisissable jusqu'à présent

cratere
© Kerry Sieh

La Terre, dans son histoire longue de plusieurs milliards d’années, a été le théâtre de nombreux événements cosmiques, notamment des impacts d’astéroïdes. Ces événements ont laissé des traces indélébiles sur la surface de notre planète, sous forme de cratères. Récemment, une équipe de chercheurs en planétologie, dirigée par le professeur Kerry Sieh de l’université technologique de Nanyang, a fait une percée significative en identifiant le site probable du cratère d’impact le plus récent sur Terre. 

La traque du cratère perdu

Le cratère, supposé être le résultat d’un impact d’astéroïde survenu il y a environ 789 000 ans, a longtemps échappé aux scientifiques. La présence de tectites, des fragments de roche noire et vitreuse formés lors de l’impact, a été observée en Asie du Sud-Est, en Australie et même jusqu’à Madagascar et l’Antarctique. Ces tectites, témoins silencieux de l’impact, font partie de ce qu’on appelle le champ d’épandage australasien, considéré comme le résultat de l’événement d’impact le plus important depuis celui de Zhamanshin.

La recherche d’un cratère correspondant à ces tectites a été une quête difficile. Les impacts antérieurs, comme celui ayant formé le célèbre cratère de Chicxulub, ont laissé des traces plus importantes, mais l’érosion géologique a effacé ces preuves au fil du temps. En revanche, les tectites de l’événement australasien sont suffisamment récentes pour que les chercheurs espèrent trouver le cratère associé. Cependant, aucun cratère évident n’a été identifié pendant des décennies, malgré des recherches intensives, notamment dans la région du plateau des Bolovens au Laos.

Un site caché par la nature et l’histoire

La découverte du cratère a été compliquée par plusieurs facteurs. La combinaison d’une géologie complexe, d’une dense forêt tropicale et de l’isolement politique du Laos a contribué à dissimuler ce site. Le plateau des Bolovens, situé dans le sud du Laos, présente une combinaison unique de conditions géologiques et environnementales qui ont contribué à masquer le site. La région est caractérisée par une épaisse forêt tropicale et un terrain géologiquement complexe. 

De plus, le Laos, en tant que pays politiquement isolé, a rendu l’accès difficile pour les chercheurs internationaux. Kerry Sieh, de l’université technologique de Nanyang, et son équipe ont souligné que les vestiges de conflits, tels que des munitions non explosées, ont longtemps entravé les recherches sur le terrain. Bien que les géologues soient souvent prêts à braver des conditions extrêmes, les dangers des explosifs représentent un obstacle majeur. Cette combinaison de facteurs a fait du plateau des Bolovens un lieu presque inaccessible, gardant le secret du cratère pendant des années.

Des indices conduisant à une révélation

Malgré ces défis, les indices menant à la localisation du cratère se sont accumulés au fil du temps. Dès 1983, des observations au Vietnam ont révélé un dépôt de gravier sous des tectites, suggérant un lien avec l’impact. Au-dessus de ce dépôt, une couche de poussière, nommée « catastro-loess » par les géologues thaïlandais, a été interprétée comme des retombées de l’impact. Ces découvertes ont orienté Sieh et son équipe vers une couche spécifique de roches, le « diamicton des Bolovens », qui a finalement aidé à déterminer l’emplacement du cratère. Ils pensent que ce diamicton est composé de grès et de basalte fragmentés par la force de l’impact.

Pour renforcer leur hypothèse, l’équipe s’est appuyée sur cinq ensembles de données distincts. Parmi ces données, la distribution des tectites autour du site proposé est particulièrement révélatrice. Alors que ces tectites se trouvent à des milliers de kilomètres de distance, elles sont plus abondantes dans la partie supérieure du diamicton ou juste au-dessus. De plus, un type spécifique de tectites, les MN, prédomine autour du site proposé, indiquant une proximité avec l’impact.

Cette étude, publiée en accès libre dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, marque un tournant dans la compréhension des impacts d’astéroïdes sur Terre. 

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: IFL Science

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