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De récents travaux ont montré que les régions cérébrales associées à la prise de décision et à l’empathie étaient nettement plus développées chez les macaques rhésus adultes les plus sociaux.

Une influence claire

Les primates, y compris les macaques rhésus et les humains, évoluent au sein de réseaux sociaux vastes et complexes. Si les chercheurs soupçonnaient depuis longtemps que ce type d’organisation avait contribué à l’augmentation de leur volume cérébral, son influence sur les structures internes du cerveau restait obscure.

Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Science Advances, Camille Testard et ses collègues de l’université de Pennsylvanie ont exploré le lien entre le nombre de partenaires sociaux et la structure cérébrale de 103 macaques rhésus (Macaca mulatta) vivant sur l’île de Cayo Santiago, à Porto Rico. Âgés de 1 mois à 25 ans, les primates ont reçu un peu de nourriture et d’eau, mais pouvaient socialiser librement.

L’équipe a comptabilisé le nombre de partenaires sociaux de chaque singe adulte (incluant les amis et les membres de la famille) en observant leurs toilettes mutuelles sur une période de trois mois. Alors que certains spécimens possédaient des dizaines de partenaires sociaux, d’autres n’en avaient aucun.

Deux pré-adultes partageant des liens étroits — © Dr. Lauren JN Brent

Lorsque les singes sont morts, les chercheurs ont prélevé leur cerveau et utilisé l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour mesurer le volume de différentes structures cérébrales. Ces scans ont révélé que deux régions du cerveau impliquées dans le comportement social étaient plus développées chez les adultes ayant plus de partenaires sociaux : le sillon temporal médio-supérieur et l’insula ventrale-dysgranulaire.

Des changements cérébraux intervenant plus tard dans la vie des primates

Il a été démontré que le sillon temporal médio-supérieur était impliqué dans la prise de décision sociale, notamment pour décider avec qui coopérer ou être en compétition. De son côté, l’insula ventrale-dysgranulaire serait liée à la création de liens et l’empathie (la stimulation électrique de cette région chez des primates a montré que cela les amenait à effectuer des claquements de lèvres, considérés comme des gestes amicaux).

Aucune différence dans les structures cérébrales n’a été constatée chez les nourrissons ayant un contact social plus important, ce qui suggère que ces changements se produisent plus tard dans la vie des primates.

Chez l’Homme, il est également prouvé que le fait d’avoir davantage d’amis modifie la structure du cerveau. Une récente étude a révélé que le nombre de contacts Facebook (qui semblait correspondre à celui des amis réels des sujets) permettait de prédire la densité de la matière grise dans les régions du cerveau associées au comportement social.

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« Le nombre d’amis que vous avez et l’identité de ces derniers définissent votre paysage social et nécessitent une cognition sociale sophistiquée pour être maintenus », souligne Testard.

Un domaine de recherche très actif

Les liens sociaux sont de plus en plus reconnus comme un facteur clé de la réussite biologique des primates. Des chercheurs ont notamment constaté que les chimpanzés mâles ayant des réseaux d’amis plus étendus engendraient davantage de descendants, tandis que les adolescents humains mieux intégrés socialement présentaient une pression artérielle, des niveaux d’inflammation, un tour de taille et un indice de masse corporelle plus faibles.

« Il existe une vaste littérature sur l’importance des relations sociales chez les primates. C’est un domaine de recherche très actif », conclut Testard.

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