En passant au peigne fin les données d’un télescope australien, des astronomes ont identifié un signal radio des plus étranges. Se répétant quasiment toutes les heures, celui-ci semble défier notre compréhension actuelle de la physique.
L’intrigant ASKAP J1935+2148
Détecté par le radiotélescope Australian Square Kilometre Array Pathfinder, le signal ASKAP J1935+2148 se répète toutes les 53,8 minutes et présente trois états d’émission distincts. Des flashs lumineux durant entre 10 et 50 secondes, pointant tous dans la même direction et possédant une polarisation linéaire, des impulsions plus faibles d’une durée de 370 millisecondes à la polarisation plus circulaire, et des cycles de « silence ».
« Le fait que le signal se répète à un rythme aussi lent est extraordinaire », estime Manisha Caleb, auteure principale de la nouvelle étude, publiée dans la revue Nature Astronomy. « Si ces émissions ne provenaient pas du même point du ciel, nous n’aurions jamais cru qu’elles puissent être émises par un seul et même objet. »
Bien que les caractéristiques étranges du nouveau signal ne correspondent pas étroitement à celles prévues pour de tels astres, à l’heure actuelle, l’explication la plus plausible est qu’il provienne d’une étoile à neutrons ou d’une naine blanche. Des objets résultant de la mort d’étoiles plus grandes, dont la nature dépend de la masse de ces dernières.
This is no State of Origin battle. This is a Stellar Origin battle!
— CSIRO (@CSIRO) June 5, 2024
The origins of this newly-discovered deep space object are mysterious to astronomers.
It was found by researchers using our ASKAP radio telescope on Wajarri Country.
Read the story: https://t.co/qUdOAVFGbI pic.twitter.com/DM9Sgi1YIH
Les étoiles à neutrons émettant régulièrement des ondes radio, les « variations » du signal pourraient résulter des interactions entre leurs champs magnétiques puissants et des flux de plasma complexes. Cependant, celles-ci sont connues pour effectuer un tour complet en quelques secondes ou fractions de seconde. Beaucoup plus lentes, les naines blanches n’auraient aucun problème à tourner sur elles-mêmes aussi lentement, mais elles ne sont pas connues pour produire de tels signaux.
De nouvelles observations indispensables
S’il ne s’agit pas du premier signal radio inhabituel détecté par les scientifiques, la longueur et la complexité d’ASKAP J1935+2148 s’avèrent particulièrement déconcertantes. Seules de nouvelles observations permettront de déterminer s’il provient d’une étoile à neutrons inhabituelle, d’une insaisissable « naine blanche pulsar » ou d’un autre type d’objet exotique.
« Cela pourrait bouleverser notre compréhension, vieille de plusieurs décennies, des étoiles à neutrons et des naines blanches, de la manière dont elles émettent des ondes radio et de leur population dans notre galaxie », conclut Caleb.