Sourire et rire ont des effets bénéfiques importants sur notre bien-être physique et émotionnel. Les chatouilles, en particulier, sont un moyen facile de faire rire quelqu’un. Cependant, il est difficile de se chatouiller soi-même.
Les chatouilles : une sensation complexe qui stimule notre cerveau
Le chatouillement est une sensation soudaine et agréable qui se produit surtout lorsque certaines parties du corps sont touchées de manière inattendue et délicate. Lorsque quelqu’un nous chatouille, nos sens sont stimulés de manière imprévisible. Cela s’explique en partie par le fait que notre corps active deux zones différentes de notre cerveau lorsque nous sommes chatouillés : le cortex somatosensoriel et le cortex cingulaire antérieur. La première interprète la sensation de toucher, tandis que la seconde contrôle notre réponse émotionnelle à cette sensation. Ensemble, ces zones produisent la sensation de chatouillement.
Il existe deux types de chatouilles : la knismesis et la gargalesis. La knismesis est une douce sensation de chatouillement, semblable au frottement d’une plume, qui peut être désagréable sans pour autant faire rire. En revanche, la gargalesis est plus intense et provoque des rires lorsqu’elle est appliquée sur certaines parties du corps.
Des études ont montré que les chatouilles peuvent provoquer l’une ou l’autre, mais pas les deux. Cela est probablement dû aux différences entre les récepteurs sensoriels de la peau et les réseaux neuronaux qui les contrôlent.
Les chatouilles peuvent provoquer une réaction extrême dans des parties du corps qui ne sont pas directement liées à la sensibilité de la peau. Cependant, l’auto-chatouillement n’est pas efficace car le cerveau sait où la sensation se produira, ce qui élimine le facteur de surprise à l’origine de la sensation de chatouillement. En d’autres termes, le chatouillement suit son propre chemin sensoriel. Ce phénomène est lié à la proprioception, le mécanisme complexe qui nous permet de comprendre où se trouve notre corps dans l’espace et de distinguer nos propres mouvements et sensations de ceux des autres.
Le mystère de l’auto-chatouillement : une explication scientifique
Se chatouiller soi-même est une expérience complètement différente, et il y a une raison scientifique à cela. Notre cervelet, responsable de nos capacités motrices, anticipe la sensation de mouvement avant que nous ne la produisions. En d’autres termes, il prédit et annule les informations reçues sur les mouvements que nous produisons.
Des chercheurs de l’University College London ont découvert qu’une région du cerveau peut prédire ce que nous ressentons lorsque nous faisons un mouvement nous-mêmes, mais pas lorsque quelqu’un d’autre le fait. Selon la neuroscientifique Sarah-Jayne Blakemore, le cervelet prédit également la sensation lorsque nous essayons de nous chatouiller et empêche d’autres parties du corps de réagir.
En d’autres termes, le cervelet est conscient de l’emplacement de notre main et de notre intention de nous chatouiller, ce qui rend la sensation prévisible et contrôlable. Ainsi, notre cerveau ne réagit pas parce qu’il ne perçoit pas de menace.
Bien que les scientifiques aient tenté de contourner ce système, Blakemore propose une solution : utiliser des robots munis de bras pour ralentir nos mouvements. Des études ont montré que plus le délai entre le mouvement de la main et la chatouille est long, plus la sensation est forte. Il est donc possible de se chatouiller soi-même, mais il faut se procurer une paire de robots. Par ailleurs, saviez-vous que le chatouillement est une torture qui a fait ses preuves tout au long de l’histoire ?