L’Union Européenne est dans la tourmente. Quelques jours seulement après qu’une ONG a repéré des résidus de glyphosate dans des produits alimentaires, des journalistes révèlent que la « noble » institution a copié-collé un rapport de Monsanto pour prolonger l’autorisation du Roundup…

L’union fait la force

« Aujourd’hui, un journaliste c’est une pute ou un chômeur ». C’est ce genre de phrases toutes faites édictées en vérité générale qui salissent la profession. Oh bien sûr, tout n’est pas rose chez les journalistes – jetez un oeil aux Nouveaux chiens de garde – mais une poignée d’entre eux persistent à se battre pour la vérité. Cette conviction a conduit les journalistes de La Stampa, du Guardian, de la Libre Belgique, et de RMC à enquêter sur un rapport commandité par l’Union Européenne.

Parvenu sur le bureau des hautes instances en 2015, le fameux rapport avait conclu à la non-dangerosité du glyphosate. Ironie du sort ou hasard du calendrier, le principal composant du Roundup a été classé comme « cancérigène probable » par l’Organisation mondiale de la santé cette même année… Commercialisé par l’impitoyable Monsanto, l’herbicide star des agriculteurs européens a toujours suscité la méfiance des consommateurs, et l’ire des écologistes. Mais nous ignorions jusque-là qu’il pouvait s’attirer la complaisance de nos parlementaires…

Trahison. Disgrâce.

La conclusion du rapport européen est sidérante, incompréhensible, mais banale dans un monde où les parlementaires s’improvisent animaux de compagnie des lobbies. Une poignée d’entre eux suffit à falsifier un rapport certifié « indépendant » établi par l’Autorité européenne de l’agriculture et de l’alimentation – agence labellisée « indépendante » elle aussi. Une indépendance chère à l’Union Européenne mais qui devient toute relative, disons carrément inexistante, à la lecture du rapport.

Nos instituteurs nous enseignent dès les classes de primaires que copier est un acte aussi odieux que stupide. Nous nous sommes tous déjà rendus coupables de ce crime de lèse majesté, plus ou moins souvent selon nos voisins de table. C’est une leçon immuable que nous avons tous assimilée. Enfin… Presque tous. Les parlementaires en charge du rapport sur la dangerosité du glyphosate n’ont apparemment pas eu la même éducation que les écoliers français : ils ont copié-collé une centaine de pages. Pas un maladroit copy-paste Wikipédia, mais une authentique falsification : ils ont repris mot pour mot, à quelques virgules près, des pans entiers du rapport de la Glyphosate Task Force.

Vérité made in Monsanto

La Glyphosate Task Force, c’est le lobby du glyphosate chapeauté par Monsanto. Le nom en impose tellement qu’on est presque déçus d’apprendre que derrière cette appellation de paramilitaires se cachent des costards-cravate sans scrupules… Le rapport daté de 2012, entièrement rédigé sous la dictée du géant de l’agrochimie, a été grossièrement copié par les auteurs du rapport européen. La panne d’inspiration a été particulièrement virulente lorsque les parlementaires ont abordé la toxicité du glyphosate.

« Dans la plupart des cas le lien entre glyphosate et problèmes reproductifs n’est pas avéré de manière statistique ».
Rapport Monsanto (2012) Rapport Union européenne (2015)

Plusieurs études menées dans diverses région du monde tendent à prouver qu’il existe un lien tangible entre le glyphosate, et les risques cancérologiques et reproductifs. Une étude paraguayenne établit qu’une exposition au Roundup peut conduire : à des fausses couches, des naissances prématurées, des malformations congénitales, et des problèmes de fécondité. Étonnamment, elle fut jugée irrecevable par les rapports de 2012 (Monsanto) et 2015 (U-E) qui ne l’estiment pas assez approfondie…

Mensonge éhonté

N’imaginez pas l’Union Européenne rougir devant pareil scandale : la noble institution sait encaisser les coups et étouffer les affaires. En juin dernier, l’Autorité européenne de sécurité des aliments affirmait encore que l’étude visant à déterminer la nocivité du glyphosate pour l’organisme était 100 % indépendante. C’est pas beau de mentir, même quand on est politique… Contactée par les soins des journalistes de RMC, l’Union Européenne persiste et signe : elle ne va pas remettre en cause les évaluations scientifiques rapportées. Et c’est tout naturellement qu’elle pointe d’un doigt timide l’Allemagne, le pays d’origine du rapport.

Le scandale du copy-paste n’est pas seulement lié au copyright et au lobbying : il porte directement atteinte à l’intégrité de l’Union Européenne. Dans 3 semaines, le 5 ou le 6 octobre, les pays membres devront statuer sur l’autorisation ou l’interdiction de cet herbicide en se basant uniquement sur ce rapport de 2015 complètement bidonné ! Nous sommes aux portes d’un scandale sanitaire européen sans précédent, et c’est l’Union Européenne qui l’a orchestré.

 

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