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Le Sahara occidental abritait les créatures les plus dangereuses au début du Crétacé supérieur

Nous avons encore tant à découvrir sur notre belle planète...

― Orla / Shutterstock.com

Selon cette nouvelle étude, il y a environ 100 millions d’années, le Sahara occidental était un véritable carrefour fluvial abritant les plus grands prédateurs de l’époque. La grande majorité des fossiles découverts dans cette région appartenaient en effet à des dinosaures carnivores, des reptiles volants appelés ptérosaures ainsi qu’aux ancêtres des crocodiles modernes.

« C’était sans doute l’endroit le plus dangereux de l’histoire de la planète Terre »

« C’était sans doute l’endroit le plus dangereux de l’histoire de la planète Terre, un endroit où un voyageur temporel humain ne survivrait pas très longtemps », avance Nizar Ibrahim, paléontologue à l’université de Detroit Mercy et auteur principal de l’étude, parue dans la revue ZooKeys. « Ce carrefour fluvial abritant de nombreux types de prédateurs de toutes formes et de toutes tailles ne ressemblait à aucun écosystème actuel, et s’avérait également unique par rapport aux autres écosystèmes connus de l’ère des dinosaures. »

Tirées de deux décennies d’expéditions et de fouilles sur le plateau des Kem Kem, jouxtant l’actuel désert du Sahara, les conclusions d’Ibrahim et son équipe jettent un nouvel éclairage sur cette région au début du Crétacé supérieur.

« Ce travail représente la première synthèse détaillée de tous les travaux précédents sur la géologie et la paléontologie du groupe des Kem Kem, et la première tentative de reconstituer les conditions environnementales dans cette zone d’Afrique du Nord entre 100 et 95 millions d’années en arrière », estime le chercheur italien Andrea Cau. « Cette étude constituera une ressource précieuse pour les paléontologues lors de futures expéditions dans la région. »

Dépôt riche en fossiles de strates anciennes situé près de la frontière maroco-algérienne et remontant à la fin du Crétacé, le « groupe des Kem Kem » abrite un ensemble hétéroclite de fossiles.

« Cela va de très petites choses, comme de minuscules petits amphibiens et des plantes délicates, jusqu’à des dinosaures massifs », explique Ibrahim. Si quelques-uns des fossiles découverts étaient ceux de dinosaures herbivores tels que les sauropodes à long cou, ces créatures ne semblaient pas être aussi communes que leurs congénères carnivores, un phénomène que les paléontologues ont remarqué dans de nombreux sites d’Afrique du Nord depuis les années 1930.

Le plateau rocheux des Kem Kem (à l’arrière-plan) – © Tadd Debbie / Wikimedia / Creative Commons

Des prédateurs préhistoriques de toutes formes et de toutes tailles

Parmi ces bêtes redoutables, on compte au moins quatre grands dinosaures prédateurs. L’un d’entre eux appartenait à un groupe appelé abélisauridés : son museau court et ses dents relativement petites suggèrent qu’il pourrait avoir été un charognard. Les paléontologues ont également mis au jour des fossiles d’un Spinosaurus au museau étroit et aux dents disposées de façon à attraper les poissons, d’un raptor d’environ 8 mètres de long, et d’un spécimen massif aux dents aussi tranchantes que des couteaux connu sous le nom de Carcharodontosaurus saharicus, d’une taille semblable au T-rex.

Par ailleurs, on trouvait également des ptérosaures d’une envergure de 4 à 6 mètres, tandis que les eaux étaient parcourues par des requins et des crocodyliformes de la longueur d’un bus.

« Si vous visitiez cet endroit en tant qu’humain, il y aurait vraiment beaucoup de façons différentes de mourir », dit Ibrahim. « Vous ne seriez en sécurité nulle part. »

En examinant le large assortiment de fossiles à sa disposition, l’équipe d’Ibrahim espérait mieux comprendre comment ces prédateurs « incroyablement abondants » coexistaient et se nourrissaient. Les chercheurs ont observé que la forme du crâne des différentes espèces de carnivores variait légèrement, ce qui suggère qu’ils étaient spécialisés pour se nourrir de différentes types de proies. À l’époque, les poissons semblaient être la source de nourriture la plus abondante, avec des spécimens de plusieurs tonnes, comme des cœlacanthes géants et des dipneustes osseux.

Aujourd’hui, les prédateurs supérieurs tels que les loups et les lions sont bien plus nombreux que leurs proies herbivores. Cependant, même au milieu du Crétacé, lorsque l’Afrique du Nord était couverte de vastes réseaux fluviaux, les écosystèmes dominés par autant de prédateurs encombrants auraient été rares. « D’une certaine manière, cela ressemble plus à ce que l’on peut voir dans les écosystèmes marins, où les prédateurs sont en fait plus nombreux », explique Ibrahim.

Vue d’artiste d’un Spinosaurus – © Durbed / Wikimedia / Creative Commons

« Cela vous donne vraiment une idée de ce que nous appelons le temps profond »

Cependant, la plupart des fossiles de sauropodes de cette région se résumant à des os uniques ou des fragments isolés plutôt que des squelettes plus complets, cela rend le fait de déterminer l’espèce à laquelle ils appartiennent beaucoup plus difficile, et pourrait expliquer pourquoi les paléontologues ont trouvé si peu de restes de grands herbivores dans cette région. Sachant que les sauropodes ont également tendance à avoir des dents d’apparence similaire, et les vertèbres, qui seraient plus révélatrices, sont souvent fragiles et moins susceptibles d’être préservées.

« Nous ne pouvons pas être sûrs que les fossiles identifiés reflètent réellement la diversité de la région à l’époque », estime Philip Mannion, paléontologue à l’University College de Londres. « Il est également possible que ces dinosaures herbivores aient vécu et soient morts principalement dans d’autres habitats proches et ne se soient que rarement aventurés dans les zones qui se sont avérées être préservées sur le plateau des Kem Kem. »

Pour Ibrahim, cette zone est un rappel que les écosystèmes du passé pouvaient être régis par des règles très différentes de celles que nous voyons aujourd’hui. Ce qui n’a, selon lui, rien de surprenant, étant donné que plus de 99 % de tous les organismes qui ont jamais existé se sont éteints avant la petite tranche de temps que nous appelons le présent.

« Le Sahara actuel est un endroit sidérant, mais quand vous vous trouvez dans cette région aride et inhospitalière et que vous ramassez des écailles de poissons géants et des dents de crocodile, cela vous donne vraiment une idée de ce que nous appelons le temps profond », ajoute Ibrahim. « C’est là que vous comprenez vraiment à quel point notre planète a, et peut, changer au fil du temps. »

Par Yann Contegat, le

Source: Popular Science

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  • Voilà qui devrait faire réfléchir les neuneus qui veulent « sauver le climat » (sur le mode « il faut sauver le soldat Ryan »)… et changer le discours des apôtres de la lutte contre le réchauffement climatique (à grands renforts de nouvelles taxes, racket et mises au pas pour le vulgum pecus, mais pas pour les chantres de la chose). Réfléchissez un peu bonnes gens….

    • C’est vous la neuneu! A cette époque, il n’y avait pas d’humains! Et si on laisse le climat changer, il n’y aura plus d’humains non plus!

  • News de dernière minute :
    Au « royaume » du haschich, le mensonge est « roi » !
    La quasi totalité des torchons marocains qui donnent lieu de « médias » au premier chef desquels leur ‘MAP’ osent dire que les dernières interventions politiques allemandes sur votre OCCUPATION MILITAIRE du Sahara Occidental, plus précisément de leur Parlement (Bundestag) seraient fausses et du seul fait de…l’Algérie !…
    Ce n’est quand même pas l’Algérie qui a publié ce 10 mai 2020 le brûlot figurant sur la page Facebook de la patronne de la Gauche Allemande Katja KIPPING…
    Voir le lien suivant : https://www.facebook.com/KatjaKipping/?ref=nf&hc_ref=ART6_ydt06EBjWex9vp83BdIw6OlD0c5eck7Ktj6m4x3cAirAfr1a6B2fKac-Se_iEg