Une partenariat inédit entre squales et Hommes a conduit à l’une des plus importantes découvertes marines de ces dix dernières années : le plus grand système d’herbiers marins au monde, aux Bahamas.
Une première chez des animaux marins
Dans l’optique de mieux cerner les habitudes de ces animaux et d’orienter les politiques de conservation, des chercheurs de l’université King Abdullah et de l’organisation Beneath the Waves avaient fixé des caméras à 360° sur le dos de requins-tigres, constituant une première chez des animaux marins. L’analyse des images a révélé l’existence d’étendues insoupçonnées de prairies sous-marines aux Bahamas, dont les fonds sont notoirement difficiles à cartographier.
« Les recherches menées par Beneath the Waves avaient montré que les requins-tigres, qui parcourent environ 70 kilomètres par jour, passaient environ 72 % de leur temps à patrouiller dans les herbiers marins », explique Carlos Duarte, co-auteur de la nouvelle étude, publiée dans la revue Nature Communications.
« Cet écosystème comprend les plus grands bancs de sable du monde, qui sont des habitats peu profonds propices à la croissance des herbes marines », poursuit le scientifique. « Les observations réalisées par les requins nous ont permis de combler les vides laissés par les outils existants [images satellites et relevés effectués par des plongeurs], et ainsi obtenir une image plus complète de la couverture des herbiers. »
L’équipe a estimé que la surface couverte par les herbiers marins était comprise entre 66 000 et 92 000 kilomètres carrés, ce qui en fait le plus grand écosystème de ce type au monde. S’appuyant sur les analyses de carottes de sédiments, les chercheurs ont conclu que les Bahamas détenaient jusqu’à 25 % du stock mondial de carbone bleu (correspondant au CO2 retiré de l’atmosphère par les écosystèmes océaniques côtiers).
Des services précieux
Favorisant la biodiversité des océans, protégeant les rivages des effets des tempêtes et piégeant d’importantes quantités de carbone, les prairies sous-marines possèdent également une longévité impressionnante. Au début de l’année, des chercheurs australiens avaient annoncé la découverte du plus grand organisme au monde, se trouvant être une prairie marine vieille d’au moins 4 500 ans dont la superficie totale atteignait 200 kilomètres carrés.
Selon les auteurs de la nouvelle étude, ces travaux illustrent également la manière dont la collaboration avec les animaux marins peut contribuer à combler les lacunes dans nos connaissances de l’écosystème océanique.
Par Yann Contegat, le
Source: New Atlas
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