Récemment, une équipe internationale de chercheurs a résolu un mystère vieux de 170 ans concernant le Tanystropheus, reptile préhistorique à long cou ayant vécu sur Terre il y a 242 millions d’années.

Un mystère tenace

À bien des égards, les paléontologues s’apparentent aux détectives du monde scientifique. Tout comme ces derniers peuvent en dire long sur une scène de crime à partir d’indices apparemment insignifiants, les paléontologues examinent les ossements de créatures disparues il y a des dizaines, voire des centaines de millions d’années afin d’en apprendre davantage sur leur physiologie et leurs habitudes.

Dans la plupart des cas, les différentes méthodes d’analyse employées permettent aux scientifiques de réaliser des découvertes majeures à partir de simples fragments d’os et de dents, allant de l’identification d’une espèce particulière à sa relation avec les autres, en passant par son régime alimentaire (herbivore ou carnivore). Toutefois, dans le cas de créatures présentant des caractéristiques atypiques, une telle analyse est loin d’être évidente.

Pour le Tanystropheus, décrit pour la première fois en 1852 et doté d’un cou extrêmement long par rapport au reste de son corps, les scientifiques ne savaient pas avec certitude s’il s’agissait d’une créature marine, terrestre ou d’un reptile volant semblable à un ptérodactyle. Une partie du problème provenait d’une série d’os allongés, semblables à des parties d’ailes, qui se sont finalement révélés être des segments du cou de 3 mètres de cette espèce de reptile préhistorique en mesurant 5 de long.

— © Ghedoghedo / Wikimedia Creative Commons

D’étranges reptiles aquatiques préhistoriques

Dans le cadre de ces travaux présentés dans la revue Current Biology, des scientifiques du Muséum d’histoire naturelle de Chicago ont non seulement levé le mystère sur la véritable nature du Tanystropheus, à savoir : s’il s’agissait d’une espèce terrestre ou aquatique, mais également sur les reptiles plus petits lui étant associés, dont les chercheurs ignoraient s’il s’agissait de spécimens juvéniles ou d’une espèce distincte.

Ces découvertes ont été réalisées grâce à des scanners (tomodensitométrie) de crânes fossiles aplatis, qui ont permis aux chercheurs de reconstruire numériquement ces structures osseuses en 3 dimensions. Et il s’est avéré que, comme chez les crocodiles, les narines du Tanystropheus étaient situées sur le dessus du museau. Une caractéristique indiquant qu’il vivait dans l’eau, à l’affût de proies qu’il saisissait avec ses longues dents recourbées. Cependant, comme les tortues de mer et autres reptiles marins, il est possible que celui-ci ait été amené à quitter épisodiquement son environnement aquatique pour la terre ferme afin d’y pondre ses œufs.

Quant aux petits reptiles, supposés juvéniles, l’examen des anneaux de croissance de leurs os a montré qu’il s’agissait de créatures adultes, et qu’il existait par conséquent deux espèces distinctes : Tanystropheus longobardicus (la plus petite) et Tanystropheus hydroides. Celles-ci coexistaient dans les eaux côtières de la Téthys (paléo-océan s’étant ouvert au cours du Paléozoïque) et chassaient des proies différentes.

Image comparant la taille de deux espèces de Tanystropheus à celle d’un humain

« Ces deux espèces étroitement liées ont évolué pour utiliser des sources de nourriture différentes au sein du même environnement »

« Ces deux espèces étroitement liées ont évolué pour utiliser des sources de nourriture différentes au sein du même environnement », explique Stephan Spiekman, chercheur à l’université de Zurich ayant participé aux travaux.

« Les créatures les moins massives se nourrissaient probablement de petits animaux à carapace, comme les crevettes, tandis que les plus grandes s’attaquaient aux poissons et aux calmars. Il s’agit d’une découverte remarquable, car nous nous attendions à ce que cet étrange cou soit dédié à une seule tâche, comme celui d’une girafe, alors qu’il était en réalité compatible avec différents régimes alimentaires. Ce qui change complètement la façon dont nous percevons cet animal », conclut le scientifique.

Comme chez les crocodiles, les narines du Tanystropheus étaient situées sur le dessus du museau
S’abonner
Notifier de
guest

0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments