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— High Mountain / Shutterstock.com

L’étude de plantes géophytes, constituant un piège mortel pour leurs pollinisateurs, a révélé que celles-ci servaient également de pouponnière pour leurs œufs, suggérant une relation bien plus nuancée et mutuellement bénéfique que prévu.

Piège (pas si) mortel

Les Arisèmes sont connues pour attirer leurs principaux pollinisateurs, les moucherons fongiques, grâce à leur apparence et leur effluves proches de celles des champignons dont ils raffolent. Une fois à l’intérieur de leur capuchon, recouvert d’une substance cireuse, les insectes s’agitent pour tenter de s’extirper du piège, répandant le pollen autour d’eux et contribuant à polliniser complètement la plante.

S’il était depuis longtemps présumé que ces incursions impliquaient systématiquement la mort des moucherons, Kenji Suetsugu et ses collègues de l’université de Kobe ont fait des découvertes inattendues en examinant 62 spécimens de l’espèce asiatique Arisaema thunbergii.

Les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Plants, People, Planet, ont notamment constaté que les insectes piégés pondaient leurs œufs à l’intérieur de la plante, dont la chair flétrie contribuait à nourrir les larves, devenues adultes quelques semaines plus tard.

Larve de moucheron fongique — © NISHIGAKI Hiroki

« Cette double fonction [site de pollinisation et pouponnière pour la prochaine génération de pollinisateurs] était vraiment surprenante », estime Suetsugu. Son équipe a également constaté que certains moucherons adultes parvenaient à s’extirper du piège avant qu’il ne soit trop tard. Ce qui suggère un compromis permettant de favoriser la pollinisation sans épuiser les populations de moucherons.

Une relation plus nuancée que prévu

Globalement, de tels résultats indiquent des interactions nettement plus complexes que prévu entre les Arisèmes et leurs pollinisateurs, impliquant que leur relation ne puisse être catégorisée comme « purement mutualiste ou antagoniste ».

« Plus nous étudions les interactions entre les plantes et les pollinisateurs, plus nous sommes surpris par la capacité des premières à manipuler le comportement des seconds, toutefois capables de développer des parades pour obtenir davantage de ressources », commente Jeff Ollerton, de l’université de Northampton.

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