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Relâché pour sa liberté, ce poisson rouge s’est transformé en cauchemar écologique géant

Un animal relâché « pour sa liberté »… et vingt ans plus tard, le monstre refait surface. Littéralement. C’est l’histoire improbable mais bien réelle de « La Carotte », un poisson rouge hybride capturé dans le lac du Der, en Champagne. L’image est étonnante : 30 kilos d’écailles orange, hissés hors de l’eau par un pêcheur britannique à peine moins surpris que les gestionnaires du site.

Gros poisson rouge nageant dans un lac calme entouré d’arbres aux couleurs automnales, illustrant le problème des espèces invasives.
Poisson rouge géant observé dans un lac nord-américain : un symbole inattendu des dérives écologiques liées aux animaux relâchés dans la nature – DailyGeekShow.com

Mais derrière l’anecdote virale, se cache un problème beaucoup plus sérieux : que deviennent vraiment les poissons rouges qu’on « relâche dans la nature » ?

Ce poisson rouge est en fait un hybride ultra-résistant et quasi increvable

« La Carotte » n’est pas un simple poisson rouge. C’est un croisement entre une carpe commune et une carpe koï. Autrement dit, le mix parfait entre robustesse, longévité et croissance exponentielle. Dans un lac privé, sans prédateurs, avec de la nourriture abondante, ce poisson a tout simplement poussé comme un arbre. Et il n’est pas un cas isolé.

Le poisson rouge (Carassius auratus), quand il est bien nourri et dispose d’espace, peut atteindre 40 cm et vivre plus de 20 ans. Contrairement à ce que l’on croit, il ne « reste pas petit » : sa taille est directement liée à son environnement. Mettez-le dans un bocal, il stresse et vivote. Offrez-lui un étang, il devient un mastodonte.

Relâcher un poisson rouge dans la nature est une catastrophe pour l’écosystème

Cela part souvent d’une bonne intention : on ne veut plus du poisson, alors on le relâche pour « lui offrir la liberté ». Sauf qu’un poisson rouge, à l’état sauvage, devient très vite un envahisseur.

Il déracine les plantestrouble les fondsmange les oeufs d’autres poissons et entre en compétition directe avec les espèces locales. Aux États-Unis et au Canada, certaines populations ont même détruit des lacs entiers. Et une fois installés, ils sont quasi impossibles à réguler.

Ce n’est pas un cas isolé : à Minneapolis, on a retrouvé des poissons rouges gros comme des ballons de football. En Australie, c’est une espèce invasive classée « à fort impact ». Et en France ? Pour l’instant, c’est sous contrôle, mais des alertes émergent.

La taille d’un poisson rouge dépend de son espace : le mythe du petit poisson est faux

Ce que l’on croit : un poisson rouge, ça tient dans un bocal. Ce qui est vrai : il survit, mais ne s’épanouit pas. C’est un animal social, intelligent, qui a besoin d’espace pour nager, chercher sa nourriture, interagir. En aquarium mal dimensionné, il stresse, développe des maladies, et vit beaucoup moins longtemps.

Donnez-lui un bassin, et il peut devenir un véritable colosse, comme « La Carotte ». Et cette croissance est trompeuse : plus il grossit, plus il modifie son environnement. Un cercle vicieux que peu de gens anticipent au moment de s’en débarrasser.

Que faire de son poisson rouge quand on ne peut plus le garder ? Les alternatives responsables

Aux États-Unis, il est illégal de relâcher des poissons rouges dans la nature. En France, ce n’est pas (encore) encadré, mais le bon sens s’impose.

Il est toujours possible de le donner à un autre aquariophile en passant par les groupes Facebook ou des animaleries, ou bien de l’installer dans une école, une maison de retraite ou tout lieu disposant d’un aquarium adéquat. Certains refuges animaliers ou associations spécialisées dans la faune aquatique peuvent aussi proposer une solution responsable.

Et surtout : ne le jetez jamais dans un étang, une rivière ou un canal. Ce geste peut sembler anodin, mais il est potentiellement destructeur pour l’écosystème.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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