Les fake news, ou allégations sans preuve à l’appui, sont largement diffusées sur la toile et font de plus en plus d’adeptes, quand bien même ces dernières sont démontées par des études scientifiques. Les chercheurs ont enfin compris les raisons derrière cette tendance, et cela n’a pas nécessairement un rapport avec le niveau d’étude.

Quand les croyances personnelles s’en mêlent

En 2017, une équipe de psychologues américains a identifié certains des facteurs clés pouvant amener les gens à rejeter la science. Selon ces derniers, les personnes qui nient le changement climatique, l’utilité des vaccins ou la théorie de l’évolution sont souvent aussi instruits que les autres, mais adoptent une démarche plus proche de celle d’un avocat que d’un scientifique : ils choisissent les faits et études qui appuient leurs croyances personnelles. Ainsi, un individu qui nie l’influence de l’Homme sur le changement climatique ignorera les centaines d’études appuyant cette affirmation, et préfèrera s’en tenir à la seule recherche qui la met en doute : un phénomène connu sous le nom de biais de confirmation.

Comme l’a expliqué Troy Campbell, de l’Université d’Oregon : « Nous constatons que les gens fuient les faits pour protéger toutes sortes de croyances, y compris leurs croyances religieuses, leurs croyances politiques ainsi que des opinions beaucoup plus personnelles. Les gens considèrent les faits comme plus pertinents lorsque ces derniers tendent à étayer leurs opinions. Lorsque ces faits vont à l’encontre de leurs opinions, ils ne nient pas nécessairement les faits, mais vont affirmer qu’ils sont moins pertinents ». Selon les auteurs de l’étude, pour faire évoluer les consciences, il convient d’examiner les racines de la réticence des gens à accepter le consensus scientifique et de trouver un terrain d’entente pour introduire des idées nouvelles.

Sur YouTube, on trouve de nombreuses vidéos avançant que la Terre est plate

Adapter le message pour faire évoluer les consciences

Pour Dan Kahan, de l’Université de Yale : « Là ou il y a des conflits sur les risques sociétaux – du changement climatique à la sécurité nucléaire en passant par l’impact des lois sur les contrôle des armes à feu, les deux parties vont invoquer la science. Se concentrer sur les preuves et les données pour changer l’opinion d’une personne sur un sujet particulier sera vain, puisqu’elle aura probablement ses propres faits à opposer ». Ainsi, les personnes qui ont tendance à rejeter la science pourront invoquer le fait que les conclusions des chercheurs soient liées à des affiliations politiques ou sociales. Pour lutter efficacement contre ce phénomène, il conviendrait donc d’adapter le message afin de ne attaquer leurs croyances trop frontalement.

D’après Matthew Hornsey, chercheur à l’Université de Queensland : « Les enjeux sont trop élevés pour que l’on continue à ignorer cette tendance. Les mouvements anti-vaccins coûtent des vies humaines, le scepticisme face au changement climatique ralentit la réponse globale à la plus grande menace sociale, économique et écologique de notre temps. Nous avons grandi à une époque où l’on présumait que la raison et les preuves étaient les moyens de comprendre les questions importantes, et non la peur, les intérêts particuliers, la tradition ou la foi. La montée de ces mouvements nous ont fait prendre conscience que ces valeurs que nous pensions inaltérables étaient menacées ».

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May
May
4 années

Au dela des « fake news », il y a l’argent… les fausses études avec des chiffres modifiés pour avantager celui qui a demandé l’étude, les conflits d’intérêt… Il y a aussi les contradictions, les certitudes d’il y a 30ans, que si on ne les avait pas remises en causes, seraient toujours… Lire la suite »