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Le plafond de verre, une réalité encore trop importante pour les personnes noires en France

Cela représente un frein aux ambitions et aux rêves de beaucoup de Français

— fizkes / Shutterstock.com

Alors que le monde est balayé par un vent de lutte contre le racisme, les entreprises tentent de se mettre à la page, en prenant des mesures, la plupart du temps symboliques, pour devenir plus égalitaires. Or, on ne peut que constater que les grandes entreprises manquent cruellement de diversité au sein de leurs instances dirigeantes. En effet, le plafond de verre contre lequel se heurtent nombre de personnes est encore bien trop présent.

Des dirigeants encore majoritairement blancs

En France, les instances dirigeantes des grandes entreprises sont encore majoritairement blanches. C’est le constat qu’a fait Laetitia Hélouet, coprésidente du Club XXIe siècle, association fondée en 2004, qui s’est donné pour mission d’« offrir à la société française une vision positive de la diversité ». Elle dresse ces chiffres accablants mais ô combien parlants : « Selon un baromètre réalisé à la fin de 2017, moins de 1 % des administrateurs du CAC 40 et des entreprises du SBF 120 sont des Français d’origine non européenne. Depuis, la situation n’a pas progressé. »

Aux États-Unis, la situation n’est guère plus reluisante. Ainsi, en 2019, une étude du magazine Black Enterprise faisait l’amer constat que pour « environ 37 % » des grandes entreprises qui composent l’indice boursier S & P 500, les conseils d’administration de ces entreprises ne comportent aucun Noir. CNN Business, de son côté, rappelle que seulement 4 entreprises classées parmi les premières du magasine Fortune ont un PDG noir. Ainsi, la diversité n’est pas réellement présente dès qu’il s’agit d’accéder à des postes d’importance.

En France, les rares Noirs qui parviennent à des postes d’importance sont issus de l’élite africaine

Comme le rapporte Le Monde, une forme de « conservatisme ambiant » a toujours cours dans les milieux dirigeants. Ainsi, Omar Hajeri, directeur de la branche des produits professionnels chez L’Oréal en Europe, rappelle qu’accéder aux « filières d’éducation élitistes » quand on n’est pas blanc est toujours aussi compliqué.

Momar Nguer, ancien membre du comité exécutif de Total et désormais conseiller de son PDG, Patrick Pouyanné, quant à lui, déplore l’entre-soi que cultivent les élites : « Des Noirs sortent des meilleures écoles, de Polytechnique, Centrale, des grandes écoles de commerce. Le vivier n’est pas un sujet. Mais le réflexe des décideurs, c’est de s’entourer de personnes qui leur ressemblent, donc de Blancs. Avoir fait la même école, c’est une condition nécessaire, mais pas suffisante. »

La question des statistiques ethniques de nouveau à l’ordre du jour

De nombreuses entreprises, aussi bien françaises qu’américaines, se sont engagées à prendre des mesures symboliques pour lutter contre le racisme. Ainsi, L’Oréal va retirer les mots « blanc » et « blanchiment » de ses descriptions de produits cosmétiques. Aux États-Unis, Uncle Ben’s et Aunt Jemima, symbolisant, pour certains, le racisme, ont été retirés de la vente.

Les manifestations anti-racistes actuelles font se rouvrir le débat sur les statistiques ethniques. En France, au nom de l’universalisme républicain, de telles statistiques sont interdites. Pour mener à bien son enquête sur la diversité des dirigeants d’entreprises, le Club XXIe siècle, qui avait présenté ses résultats à Bercy en 2017, s’était basé sur les photos des administrateurs ainsi que leur nom et nationalité. Les statistiques ethniques étant toutefois interdites, l’exactitude de ces études est à prendre avec des pincettes. Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, a suggéré dans une tribune au Monde de reprendre « de manière apaisée et constructive le débat autour des statistiques ethniques », et de « revenir avec force aux outils de lutte contre les discriminations raciales ».

Le racisme au travail, en général, reste un phénomène extrêmement important, pouvant être associé à une forme de « charge mentale », ou plutôt « charge raciale« . Les personnes considérées comme « non-blanches » sont contraintes de surveiller chaque pan de leur apparence et comportement au travail, comme la coiffure, la façon de parler, les vêtements… Cela se voit dès l’entretien d’embauche, avec des remarques telles que « Vos tresses, c’est joli, mais ça ne passera pas. » Selon une enquête de l’Organisation internationale du travail (OIT), 54 % des femmes de 18 à 44 ans perçues comme « non-blanches » ont été exposées à des comportements ou propos racistes, 40 % des hommes de 18 à 34 ans perçus comme « non-blancs » et 11 % des hommes de 34 à 44 ans perçus comme blancs.

Par Marine Guichard, le

Source: Le Monde

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