Le 22 janvier 2018, l’agence de protection de la faune américaine a retiré le puma de l’Est américain de la liste des espèces menacées de disparition pour le désigner comme une espèce éteinte. Une nouvelle peu surprenante pour les chercheurs qui estimaient que l’animal avait disparu bien des années auparavant… 

 

Une espèce, plusieurs sobriquets

À leur arrivée dans le Nouveau Monde, certains colons se mirent en tête d’explorer ce vaste territoire pour y recenser les plantes et les animaux qui l’habitaient. Les taxinomistes ont très vite répertorié différentes espèces de fauves : les pumas de l’Est, le cougar nord-américain, les lions de montagnes de l’ouest, la panthère de Floride… Plusieurs appellations pour désigner un seul et même animal : le Puma concolor.

« La classification a été faite sur des différences de fourrure, de tailles et de poids entre les différents types d’individus »

 

Michael Robinson, conservationniste

L’apparence des pumas changeait en fonction de leur habitat : un puma vivant dans le désert se différenciera naturellement d’un puma ayant élu domicile en forêt. À grands renforts de dépistages génétiques, les scientifiques ont découvert que les fauves d’Amérique du Nord – lions des montagnes, cougars ou pumas – étaient identiques sur le plan génétique. Le système de classifications des colons ne recensait donc pas plusieurs espèces de fauves mais plusieurs sous-espèces, parmi lesquelles le Puma concolor cougar, retiré de la liste des espèces en voie d’extinction.

Rien de neuf sous le soleil… 

L’annonce de l’extinction du puma de l’Est américain n’a pas surpris grand monde.  Animal nocturne et solitaire par excellence, le Puma concolor cougar n’avait été vu qu’en de très rares occasions ces dernières années, au point que les responsables des organismes de protection de la faune américaine et canadienne doutaient même de son existence.

« Il n’y a jamais eu de véritable justification pour conférer au puma de l’est américain le statut d’espèce en voie de disparition »

 

Mark Elbroch, chercheur

En 2011, la US Fish and Wildlife Service – l’agence de protection de la faune américaine – soupçonnait déjà sa disparition. Elle lance donc une vaste enquête de 5 ans pour recenser les différentes populations de pumas sur le territoire américain. En 2015, l’organisme fédéral recommande le retrait du puma de l’est de la liste des espèces menacées ; précisant au passage que le Puma concolor cougar avait disparu depuis plusieurs décennies.

« Un résultat négatif peut parfois être aussi instructif qu’un résultat positif »

Le conservationniste Michael Robinson et le chercheur Mark Elbroch – en charge du programme « Puma » – espèrent que l’extinction officielle des pumas de l’Est améliorera la protection des animaux sauvages. Ronbinson n’a pas hésité à interpeler les gouverneurs et les exhorter à prendre les mesures qui s’imposaient. Une manière d’éviter « les lacunes et les complications liées à l’introduction d’une espèce dans la liste des espèces en voie de disparition » et qui garantira « aux États d’être en position de contrôle » d’après Elbroch. Mais les montagnes de l’Est américain ne resteront pas indéfiniment désertes. D’après les derniers recensements, plusieurs pumas préfèrent la douceur du Midwest à la rigueur des Rocheuses; certains mâles ayant même eu l’audace de s’aventurer dans l’Est du pays !

Malgré une possible migration vers des contrées plus favorables, leur nombre ne cesse de décliner ; mais pas suffisamment vite pour alarmer l’Union internationale pour la conservation de la nature. Une baisse de population qui a naturellement permis à leurs proies d’agrandir leurs rangs, au point de constituer un problème de santé publique : porteurs de tiques, les cerfs participent directement à la propagation de la maladie de Lyme.

Les causes de la disparition du Puma concolor cougar demeurent floues, à l’instar des réels efforts fournis pour l’en protéger. Les organisations chargées d’assurer sa défense n’ont pas pu – ou n’ont pas su – le préserver de cette extinction qui nous prouve, une bonne fois pour toutes, que nous sommes bel et bien entrés dans la 6ème extinction de masse des animaux…

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