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L’histoire de l’Église catholique recèle des parties très sombres. L’un des évènements les plus macabres qui se sont produits au sein de cette institution est connu sous le nom du « concile cadavérique ». Cette assemblée a été réunie en 897 pour faire le procès du cadavre d’un ancien pape.
Quand la politique et la religion s’entremêlent
Si la vertu et la dignité humaine font partie des principes fondamentaux de l’Église catholique, il ne faut pas oublier que les membres de cette institution sont aussi humains et sont, par conséquent, capables du meilleur comme du pire. Parmi les pires actes commis au fil de la longue histoire de l’Église catholique figure notamment un évènement connu sous le nom de « Synodus Horrenda » (qui signifie « synode du cadavre » en latin), ou le « concile cadavérique ». Comme son nom l’indique, ce sinistre évènement était une assemblée d’évêques, et il impliquait un cadavre.
Les faits se sont produits en janvier 897. Autrement dit, cet évènement s’est déroulé durant une période politiquement agitée de l’Italie et du Vatican. En effet, du milieu du IXe au milieu du Xe siècle, l’Église catholique était plongée dans le chaos, et cela s’est traduit par de fréquents changements de pape. De 872 à 965, une vingtaine de papes furent nommés, avec des changements quasi annuels entre 896 et 904. Cette instabilité reflétait notamment la lutte de pouvoir entre la papauté et les factions politiques romaines au cours de cette période, bien que les détails soient rares en raison du manque de sources dû à la désolation de Rome.
Pour en revenir au concile cadavérique, cela s’est produit sous le commandement du pape Étienne VI. Alors qu’il venait de monter sur le trône pontifical, il a convoqué un concile. L’objet de cette assemblée ? Faire comparaitre devant le synode le précédent pape afin que ce dernier soit traduit en justice pour des actes qui étaient considérés comme des offenses contre l’Église par le pape actuel. Cet évènement aurait pu être anodin étant donné la situation politique de l’époque. Cependant, il est utile de mentionner que le précédent pape, le pape Formose, était décédé neuf mois plus tôt.
Un cas macabre de lutte et d’abus de pouvoir
Malgré cela, le pape Étienne VI était déterminé à se venger de son rival décédé, et a malgré tout décidé de le punir à titre posthume. Pour ce faire, il a ordonné que le cadavre du pape Formose soit exhumé de la basilique Saint-Pierre et apporté à la cour papale pour le procès. En plus des accusations d’offenses contre l’Église, le pape Étienne VI a aussi accusé le pape Formose de parjure, car il aurait violé la loi de l’Église en étant évêque dans deux diocèses différents en même temps. Si le pape Étienne VI a fermement soutenu que ce procès portait sur le droit de l’Église, ses véritables motivations étaient certainement politiques.
En effet, sa véritable motivation était de consolider son propre pouvoir et de saper l’héritage de son prédécesseur. C’était essentiel pour son règne papal étant donné que sa légitimité était contestée par certains membres du clergé qui soutenaient Formose. Pour s’assurer de sa victoire, le pape Étienne VI a lui-même agi en tant que procureur et juge. Et, bien évidemment, le pape Formose fut reconnu coupable de tous les chefs d’accusation. Comme le « coupable » était déjà décédé, ses peines ont été soumises à son cadavre. Ainsi, pour le punir, le pape Étienne VI a ordonné que le pape Formose soit dépouillé de ses vêtements papaux et amputé de trois de ses doigts qui avaient été utilisés pour bénir les gens.
Par la suite, son corps fut jeté dans le Tibre, où il fut récupéré plus tard par des moines. L’histoire ne s’arrête pas là, puisque ce procès injuste ainsi que la profanation du corps du pape Formose ont été largement condamnés par l’Église catholique et ont provoqué l’indignation du clergé et du grand public. Suite à cela, le pape Étienne VI a été reconnu coupable d’abus de pouvoir et a été emprisonné. Il est finalement décédé après avoir été étranglé dans sa cellule. Quant au pape Formose, il a été réenterré dans la cathédrale Saint-Pierre par le pape Théodore II qui régna plus tard en 897.
Par ailleurs, retour sur le pape qui explose : quand l’embaumement de Pie XII virait au désastre en 1958.