Selon les chercheurs, l’importante émanation de méthane détectée à la surface de Mars par le rover Curiosity pourrait avoir été provoquée par un événement géologique ayant entraîné la fracture d’une couche de pergélisol contenant des bulles de gaz. C’est la première fois que les scientifiques identifient une source potentielle de méthane sur la planète rouge.

Mars Express et Curiosity ont enregistré une concentration importante de méthane à proximité du Cratère de Gale

Le 16 juin 2013, les instruments de Curiosity enregistraient une forte émanation de méthane dans le cratère de Gale, d’un diamètre de 154 kilomètres, où le rover s’était posé en août 2012. Depuis, l’appareil a enregistré des variations des niveaux de méthane dans l’atmosphère de la planète, évoluant au rythme des étés et des hivers martiens. La présence de ce gaz sur Mars alimente de nombreuses spéculations : certains scientifiques estiment que ce gaz pourrait émaner de micro-organismes présents sous la surface de la planète, être le fruit d’une réaction entre les roches olivines et l’eau (comme c’est le cas sur Terre), ou avoir été généré par le rover lui-même.

En parallèle, une équipe de chercheurs de L’Institut national d’astrophysique de Rome, dirigée par Marco Giuranna, s’est tournée vers les instruments de la sonde Mars Express de l’Agence spatiale européenne afin de détecter d’autres traces de méthane sur Mars. Pour ce faire, les scientifiques ont utilisé le spectromètre de Fourier pour sonder les environs du cratère de Gale entre décembre 2012 et juillet 2014. L’instrument n’a détecté la présence de méthane dans l’atmosphère martienne qu’à une seule reprise… le jour même où Curiosity enregistrait une forte émanation de ce gaz dans le même cratère. Selon Giuranna : « Cette découverte constitue la première confirmation indépendante de la présence de méthane sur Mars ».

Curiosity avait mesuré une concentration de méthane de 5,78 parties par milliard (PPB) dans le cratère de Gale le 16 juin 2013, contre 15,55 PPB pour Mars Express, qui se trouvait au-dessus du cratère.

Vue topographique du cratère de Gale © Ryan Anderson/Wikimedia Commons

La présence de ce gaz rendrait la planète rouge plus habitable

Pour tenter d’établir l’origine de ces émissions de méthane, des chercheurs de l’Institut d’Aéronomie spatiale de Bruxelles ont divisé une vaste zone autour du cratère de Gale en blocs de 250 kilomètres de côté, et ont ensuite utilisé des modèles informatiques pour simuler près d’un million de scénarios d’émissions différents au sein de chaque bloc. Dans le même temps, des géologues américains et italiens ont examiné la région du cratère à la recherche de caractéristiques géologiques susceptibles de libérer du méthane. Fait étonnant : simulations et évaluations géologiques effectuées indépendamment ont établi la même source potentielle d’émission, située à environ 500 kilomètres à l’est du cratère.

D’après Giuranna : « Ce site connu sous le nom d’Aeolis Mensae présente un certain nombre de failles géologiques qui peuvent avoir provoqué la fracture du pergélisol, entraînant la libération du méthane emprisonné à l’intérieur. Il se peut également possible que des chutes de météorites l’aient brisé ». Bien qu’il soit pour l’heure impossible de confirmer que ce gaz est produit par des micro-organismes, sa présence rendrait la planète plus habitable, car il pourrait potentiellement être utilisé comme source de carbone et d’énergie. Nous pourrions également utiliser le méthane emprisonné dans le sous-sol martien pour fabriquer des produits chimiques et du carburant pour fusée.

Les mesures réalisées par l’orbiteur TGO dans le cadre de la mission ExoMars, dont les résultats doivent être publiés la semaine prochaine, pourraient potentiellement permettre de faire la distinction entre sources microbiennes et géologiques de méthane sur Mars.

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