Prenez un comic book badass, violent et sanglant, confiez-le à un duo détonnant de réalisateurs et producteurs canadiens, Seth Rogen et Evan Goldberg, ainsi qu’à un showrunner de talent, Sam Catlin, et vous obtenez l’une des séries les plus attendues de l’année 2016 : Preacher. Adaptation fidèle, personnages passionnants et trame prenante : des comics à la série, découvrez l’œuvre de Garth Ennis, mais accrochez-vous bien car avec le pasteur Jesse, rien n’est jamais vraiment très catholique.
25 ans après sa création par le scénariste Garth Ennis et le dessinateur Steve Dillon, le pasteur Jesse Custer est donc de retour. Sortant de ses cases, il crève le petit écran et ne laisse pas le téléspectateur indifférent. La saison 1 à peine entièrement diffusée sur la chaîne américaine AMC (et sur OCS en France) qu’une seconde a été commandée à Sony Télévision.
« Je suis particulièrement impressionné par le fait que Seth Rogen, Evan Goldberg et Sam Catlin comprennent parfaitement Preacher, ce qui signifie qu’ils l’interprètent pour ce qu’il est, et non une vague approximation. L’un dans l’autre, il semble que Preacher peut être maintenant adapté à la télévision d’une façon que je n’aurais pas précédemment pensée possible, et j’apprécie beaucoup que Steve et moi ayons été inclus dans les discussions de la façon dont nous l’avons été », déclarait Garth Ennis au moment de l’annonce de la mise en chantier de la série.
Il faut dire que Preacher, fer de lance du label adulte Vertigo de 1995 à 2000 initié par DC Comics, a été primé à quatre reprises du prix Eisner, dont celui du meilleur scénariste en 1998, et celui de la meilleure série régulière en 1999. Ces vingt dernières années, Sam Mendes (James Bond), Kevin Smith (Clerks) et Mark Steven Johnson (Daredevil) mais aussi des productions telles que HBO, Columbia Pictures ou Miramax s’y étaient déjà frottées mais en vain.
Outre un potentiel scénaristique indéniable contenu dans le comics, pour porter Preacher devant les fonts baptismaux du petit écran, il fallait trouver l’acteur capable de faire jaillir le charisme d’un représentant de Dieu sur Terre. Dominic Cooper (Agent Carter) enfile la défroque du pasteur un tantinet alcoolique. L’acteur britannique est parfait dans ce rôle, sexy et cynique à souhait.
Autour de lui, on retrouve la galerie de personnages déjantés issus de l’esprit quelque peu tordu de Gath Ennis et même s’ils ne sont pas toujours très fidèles physiquement à ceux du comics, ils sont détonnants. Tulip O’Hare, l’ancienne petite amie de Jesse, une tueuse à gages complètement barrée est campée par la sublime actrice irlandaise Ruth Negga (Warcraft). Quel plaisir de retrouver Joseph Gilgun (Misfits) dans un rôle que l’on croirait taillé pour sa grande carcasse d’échalas : Cassidy, un vampire complètement cramé. Sorti tout droit du comics, on retrouve aussi ce personnage totalement hallucinant, Eugène, un jeune garçon qui a tué la fille qui lui plaisait et qui a raté son suicide, se retrouvant avec une bouche en cul-de-poule !
Côté récit aussi les changements sont plus flagrants dans la saison 1. Alors que le comics est un road movie narrant la quête du pasteur à la recherche de Dieu, la série TV s’attarde dans le petit village du Texas où Jesse est revenu, après une vie plutôt agitée, gérer l’église de son défunt père, un pasteur assez tyrannique. Dans la version TV, Jesse doute de sa foi, tout comme ses ouailles qui viennent plus à l’église par habitude que par conviction.
La série débute par une scène incroyable dans une église en Afrique. Le prêtre explose littéralement ! Alors que Jesse se prend la tête sur son sort, une création mi-Dieu, mi-diable, cherche un vaisseau humain, faisant des victimes, les humains n’étant semble-t-il pas assez solides pour l’accueillir (même Tom Cruise y passe entend-on dans un bar) ! Genesis, tel est le nom de cette entité, va alors élire domicile dans Jesse. Même si un couple d’anges à la Men in Black tente de l’en « purifier », elle se sent bien au chaud dans le pasteur qui apprécie particulièrement d’avoir enfin un pouvoir absolu sur ses fidèles ! Ce « duo » de choc va totalement traumatiser la bourgade texane qui n’a pas d’autre choix que de retrouver fissa la foi.
Preacher passe du comics à la TV sans rien perdre de sa morgue et c’est tant mieux. Une adaptation assez réussie donc, qui aura su convaincre les puristes et les néophytes tout en nous plongeant dans un univers sombre où la rédemption n’existe pas. Tremblez pauvres pécheurs, le pasteur Jesse va vous arracher vos confessions et ça va saigner !