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Pour la première fois, des moustiques ont survécu à l’été islandais. Un signal d’alarme pour tout le vivant

Pendant des décennies, l’Islande a été épargnée par un fléau universel : les moustiques. Ce minuscule insecte piqueur semblait incapable de survivre aux conditions extrêmes de l’île. Pourtant, l’été 2025 a tout changé. Et si ce n’était que le début ?

Moustique en train de piquer la peau d’une personne, gros plan montrant son abdomen rempli de sang.
Un moustique se nourrit de sang humain, une scène qui illustre les recherches scientifiques sur son comportement – DailyGeekShow.com

Le moustique, un intrus a priori incapable de survivre au climat islandais

Jusqu’ici, tout semblait jouer contre les moustiques en Islande : un cycle incessant de gel et de dégel, une quasi-absence d’eaux stagnantes, et des sources naturelles brûlantes. Bref, un enfer logistique pour la reproduction de ces insectes.

Mais voilà : le climat change, et avec lui, les règles biologiques évoluent. Ce qui était impossible hier devient plausible aujourd’hui. L’apparition d’un moustique, Culiseta annulata, en est la preuve vivante. Un amateur passionné, Björn Hjaltason, l’a identifié avant de prévenir immédiatement les experts. Et très vite, d’autres spécimens sont venus confirmer l’alerte : ce n’était pas un cas isolé.

Culiseta annulata : un moustique taillé pour les hivers rudes, désormais chez lui dans le Nord

Culiseta annulata, ce n’est pas un moustique ordinaire. Il est taillé pour le froid, capable de survivre plusieurs mois sous la neige grâce à une sorte d’hibernation appelée diapause. Contrairement au moustique tigre, il peut prospérer sans climat tropical.

Jusqu’à présent, sa résistance l’avait cantonné à la Sibérie ou à la Russie profonde. Cependant, une chose manquait encore pour qu’il s’établisse en Islande : des conditions de reproduction stables. Or, l’été 2025 a rempli toutes les cases : chaleur prolongée, humidité, faible fréquence du gel. Résultat : le moustique a pu achever son cycle de vie et s’implanter durablement.

Le réchauffement climatique a modifié les règles naturelles en Islande

L’Islande n’a pas échappé aux vagues de chaleur record qui ont frappé l’Europe en 2025. Dès le mois de mai, les températures affichaient des niveaux inédits. Et cela dépasse le simple fait divers météorologique : c’est un modificateur d’écosystème à grande échelle.

Ainsi, les plans d’eau, auparavant instables, se sont transformés en incubateurs idéaux. Les œufs ont trouvé des conditions propices pour éclore, les larves ont poursuivi leur développement, et une nouvelle génération d’insectes a vu le jour. Ce phénomène, que les biologistes redoutaient depuis longtemps, est désormais une réalité tangible : l’Islande devient habitable pour les moustiques.

Comment l’Islande peut-elle s’adapter à cette nouvelle réalité biologique ?

Il semble déjà trop tard pour empêcher l’installation de Culiseta annulata. Toutefois, il reste encore du temps pour préparer une réponse efficace. Cela passe d’abord par une cartographie précise des zones humides, une surveillance renforcée des populations d’insectes et une adaptation des infrastructures (filets, systèmes de protection, campagnes de sensibilisation).

En parallèle, il faudra repenser en profondeur notre manière d’envisager les territoires nordiques. Ce qui était autrefois un sanctuaire climatique ne l’est plus. Désormais, les frontières naturelles tombent, une à une. Pour les Islandais, cela signifie apprendre à cohabiter avec un nouvel hôte indésirable. Pour nous tous, c’est un signal d’alerte planétaire : si même l’Islande n’est plus à l’abri, alors qui le sera encore demain ?

Par Eric Rafidiarimanana, le

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