Notre planète abrite environ 50 milliards d’oiseaux selon de nouvelles estimations. Si une poignée d’espèces comptent plusieurs milliards d’individus, la plupart d’entre elles se révèlent très rares.
50 milliards d’oiseaux
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue PNAS, Corey Callaghan et ses collègues de l’université de Nouvelle-Galles du Sud, en Australie, ont constaté que quatre espèces d’oiseaux non domestiquées seulement comprenaient plus d’un milliard d’individus. Le moineau domestique (Passer domesticus) étant le plus abondant, suivi de l’étourneau sansonnet (Sturnus vulgaris), du goéland à bec cerclé (Larus delawarensis) et de l’hirondelle rustique (Hirundo rustica). En revanche, 1 180 espèces comptaient moins de 5 000 oiseaux.
« L’une des conclusions est que mère nature aime les espèces rares. C’est ce que certains appellent l’hyper dominance, qui a été constatée dans la flore arboricole de l’Amazonie et dans d’autres groupes de plantes. Ce n’est pas très surprenant, mais il est toujours bon de disposer de données appuyant ce fait », explique Callaghan.
Cette estimation d’environ six oiseaux sauvages pour chaque humain sur la planète est la première depuis que les chercheurs sont arrivés à un chiffre global de 200 à 400 milliards d’oiseaux non domestiqués il y a 24 ans. L’écart important entre les deux études n’est pas dû à un déclin spectaculaire du nombre d’oiseaux, mais s’explique par une méthode plus sophistiquée qui a utilisé les données d’un plus grand nombre d’espèces.
Afin d’élaborer un modèle permettant d’estimer le nombre global d’espèces, l’équipe s’est ici appuyée sur les observations provenant de la base de données participative en ligne eBird. Pour s’assurer de la pertinence de ce dernier, ils ont recoupé les résultats obtenus pour 724 espèces avec d’autres sources de données rigoureuses sur des oiseaux bien étudiés. Le modèle a ensuite été extrapolé à 9 700 espèces, pour arriver à un chiffre médian de 50 milliards d’oiseaux sauvages dans le monde.
Une analyse globale présentant certaines limites
Selon Richard Gregory, de l’organisation caritative britannique Royal Society for the Protection of Birds, les observations des citoyens sous-tendant la recherche constituent à la fois sa force et sa faiblesse. « eBird contient beaucoup moins de données sur les oiseaux tropicaux que sur ceux des régions tempérées », explique-t-il. « Le Quéléa à bec rouge est parfois considéré comme l’oiseau non domestiqué le plus répandu sur la planète, mais dans la nouvelle analyse, sa population est estimée à seulement 95 millions d’individus. »
Le modèle prévoyait également initialement une population d’environ 500 pics à bec ivoire, espèce considérée comme éteinte. Une bizarrerie due à deux observations erronées de l’espèce dans la base de données, qui ont par la suite été supprimées par les réviseurs. Néanmoins, l’équipe affirme que de telles différences granulaires pour des espèces individuelles n’ont pas d’impact sur l’estimation globale.
D’après Callaghan, la conservation des oiseaux pourrait être améliorée en établissant plus précisément les raisons pour lesquelles certaines espèces se révèlent rares, qu’il s’agisse d’une aire de répartition géographique naturellement limitée ou ayant évolué en raison d’activités humaines telles que la déforestation.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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