Alors que la balance s’alourdit du côté des Etats-Unis, à l’aube de la présidence du climato-sceptique Donald Trump, l’Union Européenne a tout intérêt à réagir et prendre de nouvelles initiatives pour la protection de l’environnement. Et c’est la Pologne qui montre l’exemple en émettant des obligations vertes. Explications.

Jusqu’ici, seuls les investisseurs institutionnels internationaux, de grandes banques d’Etat chinoises, des collectivités ainsi que des entreprises privées occupaient le marché des investissements en faveur de la transition énergétique. Cette semaine pourtant, la Pologne est devenu le tout premier pays du monde à émettre des obligations souveraines vertes. Ces « obligations vertes », ce sont des titres de dettes dont le montant vise à financer des investissements dans les énergies propres et renouvelables.

L’intérêt des investisseurs dans ces obligations émises par la Pologne a été très fort. Cela leur a permis d’augmenter le total de ses obligations à 750 millions d’euros, contre de 500 millions prévus initialement. Cet Etat, qui pourtant « n’est pas vu comme le pays le plus ambitieux sur la question climat », selon les mots d’Igor Shishlov, chef de projet Finance et climat à l’institut I4CE auprès de l’AFP, peut donc se vanter d’être le premier au monde à émettre des obligations souveraines vertes, devançant la France.

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Même si ce projet est un très bon signe, il faudra veiller à regarder la qualité des projets verts, d’autant plus que ce sont des émissions très modestes à l’échelle d’un Etat. Ainsi, à partir de l’an prochain, la France a prévu elle de lever 3 milliards d’euros par an sur trois ans, soit un total de 9 milliards d’euros.

Depuis les années 2000, ces « green bonds » se sont fortement développés. L’entrée des États sur ce segment va accroître ce marché. Même si cela représente seulement 1 % des émissions obligataires mondiales, les prévisions devraient dépasser les 75 milliards de dollars cette année. D’ailleurs, d’autres pays travaillent sur des projets similaires tels que la Suède, le Nigéria, le Kenya ou encore le Maroc.

 

Reste à voir la traçabilité et la qualité des projets écologiques

 

Si ces obligations ont tant le vent en poupe, c’est parce qu’elles attirent les investisseurs, à tel point que ces opérations ont donné lieu à des sursouscriptions. Les bourses de Luxembourg et de Londres ont même créé des compartiments dédiés au green bonds et les agences S&P Global Ratings et Moody’s ont établi des notations sur ces obligations, la preuve d’un concept évolutif qui répond à un besoin de financement de la transition énergétique. Tout l’enjeu est désormais, comme pour les obligations classiques, d’assurer « la traçabilité et la qualité du contenu de ce qui est financé », prévient Pascal Canfin, directeur général du WWF France.

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L’émission d’obligations vertes doit accompagner une politique d’État ambitieuse, ce qui n’est pas évident partout dans le monde, à l’image des États-Unis. Sans cette implication et cette ambition de la part des États, ces obligations vertes s’apparentent à de l’écoblanchiment, procédé visant seulement à véhiculer une image écoresponsable, sans que les actes ne suivent…

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