L’analyse de pointes en pierre suggère que les membres d’une emblématique culture préhistorique nord-américaine auraient utilisé des sortes de pieux pour infliger de graves blessures aux mammouths.
Pointes Clovis
Mises au jour à travers l’Amérique du Nord et datées de 13 050 à 12 650 ans, les « pointes Clovis » présentent des arêtes tranchantes et des indentations cannelées. Si leur association étroite à des ossements de mammouths et d’autres représentants de la mégafaune de l’ère glaciaire ne laisse que peu de doutes quant à leur fonction, les techniques de chasse employées par nos ancêtres restent discutées.
De nouveaux travaux publiés dans la revue PLOS One suggèrent que celles-ci auraient été montées sur des hampes en bois, plantées fermement dans le sol plutôt qu’utilisées comme des lances traditionnelles. Selon l’équipe, des « pieux » similaires étaient utilisés durant l’Antiquité pour la chasse au sanglier, neutraliser les éléphants de guerre indiens et africains, et pendant plus de deux millénaires pour stopper les charges de cavalerie.
Afin d’évaluer l’efficacité d’une telle stratégie pour des proies massives, les chercheurs ont fait appel à un tailleur de pierre afin qu’il recrée un ensemble de pointes Clovis. Mesurant jusqu’à 20 centimètres de long, celles-ci ont été fixées à des hampes en bois.
Des expériences révélatrices
Les expériences réalisées ont montré que sous une pression suffisante, les deux morceaux de bois maintenant la pointe en place avaient tendance à s’écarter, ce qui occasionnait, à l’image des balles à pointe creuse actuelles, encore plus de dommages.
Le fait que les pointes Clovis aient tendance à se détacher expliquerait pourquoi certaines d’entre elles ont été découvertes logées à l’intérieur de squelettes de mammouths ne présentant aucun signe de dépeçage. Certains animaux auraient pu survivre à ces pièges, mais en auraient conservé les stigmates.
Globalement, de telles observations suggèrent une innovation étonnante dans les stratégies de chasse déployées au cours de l’ère glaciaire. « La quantité d’énergie générée par un bras humain n’a rien à voir avec celle liée à la charge d’un animal », souligne Jun Sunseri, co-auteur de l’étude. « C’est un ordre de grandeur différent. »
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
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