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Un poignard trouvé par hasard en Allemagne raconte une histoire oubliée vieille de 3 500 ans

Une découverte inattendue

Dague
Image d’illustration — © The Portable Antiquities Scheme/ The Trustees of the British Museum / Wikimedia Commons

Ce qui n’était au départ qu’une sortie familiale ordinaire dans la campagne de Thuringe, au centre de l’Allemagne, s’est transformé en découverte exceptionnelle. Près du village de Gudersleben, dans le comté de Nordhausen, un habitant a repéré un objet brillant en surface, récemment mis à nu par les pluies abondantes. En s’approchant, il a compris qu’il ne s’agissait pas d’une simple pierre, mais d’un poignard ancien datant de l’âge du bronze, vieux de près de 3 500 ans.

Une arme, mais aussi un symbole

L’objet, un « poignard à soie plate », est un type d’arme caractéristique de cette époque. Sa présence à cet endroit, dans un état de conservation remarquable, a immédiatement attiré l’attention des archéologues régionaux. Pour Daniel Scherf, spécialiste de l’Office régional de conservation des monuments et d’archéologie de Thuringe, l’importance de cette trouvaille ne fait aucun doute : « On ne découvre pas tous les jours une arme aussi ancienne et aussi bien préservée. C’est une chance incroyable qui nous ouvre une fenêtre sur le quotidien des sociétés européennes de l’âge du bronze. »

Les poignards de ce type, utilisés entre 2200 et 800 avant notre ère, ne se limitaient pas à un usage pratique. Contrairement aux couteaux modernes, ils étaient conçus avec une soie plate destinée à être rivetée sur un manche en bois, en os ou en corne. Leur fabrication nécessitait une grande maîtrise du bronze, alliage de cuivre et d’étain, dont la production impliquait des réseaux commerciaux étendus.

Ces objets avaient une valeur bien plus grande que celle d’un simple outil de combat. Dans de nombreuses sociétés préhistoriques, le métal représentait la richesse et la puissance. Ainsi, une arme de bronze pouvait symboliser l’autorité d’un chef, servir de marqueur social ou encore jouer un rôle rituel dans des cérémonies. La dague retrouvée à Gudersleben a peut-être appartenu à un guerrier ou à un personnage de haut rang, mais elle pourrait tout aussi bien avoir été déposée intentionnellement dans le sol comme offrande aux divinités ou comme élément funéraire.

Le rôle du paysage dans la découverte

La zone où la dague a été trouvée se situe dans un paysage karstique du nord de la Thuringe, caractérisé par des mouvements de sol fréquents et des phénomènes naturels tels que les dolines. Ces conditions géologiques favorisent parfois la mise au jour d’artefacts anciens, comme ce poignard, déplacé à la surface après des siècles d’enfouissement.

Le secteur autour de Gudersleben n’est pas étranger aux découvertes archéologiques. Depuis longtemps, les fouilles révèlent que cette zone fut habitée dès la Préhistoire. Champs et collines recèlent de nombreux indices d’activités humaines anciennes, confirmant que la région jouait un rôle actif dans les réseaux culturels et économiques de l’âge du bronze. La découverte du poignard vient donc enrichir un puzzle déjà dense, en apportant une preuve matérielle de la richesse culturelle et sociale de l’époque.

Une démarche exemplaire

Maik Böhner, l’habitant ayant découvert la dague, a immédiatement alerté les autorités sans tenter de la récupérer lui-même. Ce geste responsable a été salué par les archéologues, qui insistent sur l’importance de préserver le contexte archéologique des trouvailles. En Allemagne, l’utilisation non autorisée de détecteurs de métaux est strictement interdite. Cette réglementation vise à garantir que les trésors du passé soient étudiés et conservés dans les meilleures conditions possibles. Daniel Scherf a souligné l’importance de cette coopération entre citoyens et institutions pour protéger le patrimoine culturel.  

Après sa mise au jour, le poignard a été transféré dans les ateliers de restauration de l’État à Weimar. Là, des spécialistes procèdent à un nettoyage minutieux et à des analyses scientifiques approfondies afin d’en apprendre davantage sur sa composition, son mode de fabrication et son usage. Ces investigations permettront peut-être de déterminer s’il s’agissait d’une arme utilitaire, d’un objet de prestige ou d’une offrande.

Une fois restaurée, la dague rejoindra les collections du musée d’histoire locale d’Ellrich, où elle sera présentée au public. Les visiteurs pourront alors contempler un objet tenu pour la dernière fois par un être humain il y a plus de trois millénaires, et s’interroger sur les histoires et les vies que recèle ce simple morceau de bronze. Par ailleurs, une étrange « dague à testicules » a été découverte dans une forteresse médiévale en Suède.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Arkeonews

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