Socotra
— © Andrey Kotov200514 / Wikimedia Commons

Socotra est une île du Yémen située en mer d’Arabie, à l’entrée du golfe d’Aden. Elle fait partie d’un archipel de quatre îles, dont elle est la plus grande et la plus peuplée. Elle est connue pour sa richesse écologique exceptionnelle, qui lui a valu le surnom de “Galapagos de l’océan Indien”. Mais elle est aussi le théâtre de tensions politiques et militaires qui mettent en péril son avenir.

Un trésor de biodiversité

Socotra abrite une flore et une faune uniques au monde, qui se sont adaptées à son climat aride et à son isolement géographique. Selon l’UNESCO, qui l’a inscrite au patrimoine mondial en 2008, 37 % des 825 espèces de plantes, 90 % des espèces de reptiles et 95 % des espèces d’escargots terrestres sont endémiques à Socotra.

Le dragonnier, un arbre légendaire

Parmi les plantes les plus emblématiques de l’île, on trouve le dragonnier, un arbre qui produit une résine rouge sang appelée “sang de dragon”. Selon une légende locale, cet arbre serait né du sang d’Abel, tué par son frère Caïn sur l’île. Le nom arabe du dragonnier signifie “le sang des deux frères”, et le nom de Socotra viendrait de “suqs qutra”, qui signifie “le marché du sang de dragon”.

Le dragonnier est menacé par le changement climatique, qui rend l’île plus sèche et moins propice à sa croissance. Une étude réalisée en 2007 par le Centre for Middle Eastern Plants (CMEP) a estimé que le nombre de dragonniers pourrait diminuer de moitié au cours de ce siècle.

Un paysage varié et spectaculaire

L’île offre des paysages variés et spectaculaires, avec des plages de sable, des montagnes escarpées et des grottes calcaires. Elle est peuplée par environ 60 000 habitants, qui parlent principalement le soqotri, une langue sud-arabique. Les habitants vivent essentiellement de la pêche, de l’élevage et de l’agriculture. Ils ont su préserver leur environnement et leur culture ancestrale.

Socotra
— © Valerian Guillot / Wikimedia Commons

Une situation géopolitique complexe

Mais Socotra n’est pas épargnée par les conflits qui secouent la région. Officiellement rattachée au Yémen depuis 1967, elle est depuis 2018 sous le contrôle des Émirats arabes unis (EAU), qui ont envoyé des troupes sur l’île dans le cadre de leur intervention dans la guerre civile yéménite. Les EAU soutiennent le Conseil transitoire du Sud (CTS), un mouvement séparatiste qui a pris le pouvoir sur l’île en 2020.

Les EAU ont profité du chaos engendré par la guerre au Yémen pour s’emparer de Socotra sans rencontrer de résistance. Ils ont déployé des soldats et du matériel militaire sur l’île, ainsi que des conseillers politiques et économiques. Ils ont également construit une base aérienne et navale sur l’île.

Les EAU sont accusés de vouloir transformer Socotra en une base militaire et un centre touristique, au mépris des intérêts des habitants et de la biodiversité. Ils sont également soupçonnés d’avoir tenté d’exporter illégalement des espèces protégées de l’île.

Socotra se trouve ainsi au cœur d’un bras de fer régional entre les EAU et le Yémen, mais aussi entre l’Arabie saoudite et l’Iran, qui soutiennent respectivement le CTS et les rebelles houthis. L’île est également convoitée par la Somalie voisine, qui revendique sa souveraineté sur l’archipel.

Socotra est donc une île fragile et précieuse, qui mérite d’être protégée et respectée. Elle représente un patrimoine naturel et culturel inestimable pour le monde entier.

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