Parler de l’autisme, du coming out, de la maltraitance animale ou encore du sexisme n’est pas toujours un mince affaire. Avec ses courts-métrages SparkShorts, le studio Pixar est parvenu à briser les frontières des films d’animation Disney. En effet, il amène un véritable vent de nouveautés en illustrant ces différents sujets à portée universelle et bien trop souvent complexes à aborder.
Le thème du coming out : une première pour Pixar
C’est une belle avancée pour l’univers féerique de Disney. Depuis le 22 mai dernier, les abonnés de la plateforme Disney+ ont effectivement la chance de pouvoir découvrir le nouveau court-métrage Pixar intitulé “Out”. Ce dernier aborde l’histoire d’un jeune homme qui peine à faire son coming out auprès de ses parents et qui est finalement aidé par un chien particulièrement agité et une pointe de magie.
Ce nouveau court-métrage fait partie d’une mini-série de plusieurs courts-métrages Pixar du nom de SparkShorts, lancée en 2018. Trois de ces films, sortis en 2019, sont disponibles sur YouTube et les autres sont uniquement disponibles sur la plateforme de streaming. Mais grande nouveauté : avec ces courts-métrages pas uniquement dédiés aux enfants, bien plus matures et expérimentaux et qui apportent une réelle différence, Disney brise littéralement les frontières de l’animation.
Des courts-métrages qui ne sont pas créés pour être diffusés
Autre caractéristique de ces courts-métrages : ils ne sont pas créés pour être diffusés. En effet, cette mini-série a été lancée par Pixar afin de permettre aux employés qui n’ont encore jamais réalisé de film de mettre enfin la main à la pâte. Ils ont alors un budget limité, six mois de temps et une liberté totale pour choisir les sujets abordés et les techniques d’animation employées.
Ces œuvres ont été présentées pour la première fois en 2018 à l’occasion d’un festival professionnel, puis diffusées dans le cinéma El Capitan Theatre, à Hollywood. Puis, ils ont été montrés au grand jour uniquement à partir de février 2019 sur YouTube.
Des sujets à portée universelle et parfois difficiles à aborder
Si Pixar vient de proposer un nouveau court-métrage abordant le thème du coming out, le studio est bien connu pour aborder des sujets qui sont au fond bien plus pour “adultes” que pour les plus jeunes. De nombreuses symboliques sont effectivement souvent cachées derrière les histoires qu’il nous montre : le deuil dans Coco ou encore les bouleversements de l’adolescence dans Vice Versa, par exemple.
Avec SparkShorts, Pixar a de nouveau recours à des symboliques pour aborder certains sujets : dans « L’envol », Bobby Rubio évoque les difficultés des parents à accepter la différence de leur enfant capable de flotter dans les airs ; dans « Purl », Kristen Lester met en scène une pelote de laine entrant dans une entreprise qui ne compte que des gros bras en costard afin de dénoncer le sexisme au travail.
Mais cette fois-ci Pixar va encore plus loin en brisant la frontière de la symbolique afin d’illustrer de manière réaliste des situations de notre société, bien loin du message magique des dessins animés Disney. Comme nous vous l’expliquions plus haut, le court-métrage aborde le thème encore bien trop tabou des personnes LGBT+ avec une grande ouverture d’esprit. Il s’agit sûrement de la première histoire LGBT+ contée par Disney. Dans En Avant, également de Pixar, on découvre de surcroît le premier personnage lesbien.
En outre, SparkShorts peut aller encore plus loin, comme avec « Loop » : il s’agit du premier Disney a mettre en scène un personnage autiste et mutique. Des plus réalistes, ce court-métrage évoque l’histoire d’un face à face entre Loop, jeune autiste, et un adolescent lors d’une balade en canoë.
Par ailleurs, dans “Kitbull”, Pixar aborde avec brio le thème de la maltraitance animale en illustrant la touchante amitié entre un chat de gouttière et un pitbull dressé spécialement pour combattre. Un personnage ensanglanté est également montré pour la première fois dans ce même court-métrage.
Des courts-métrages inspirés d’histoires vraies
Ce qu’il faut également savoir c’est que ces courts-métrages sont en réalisé inspirés d’histoires vraies, et ayant une portée particulièrement personnelle. “Out” est par exemple inspiré d’une histoire vraie. Pour Loop, les animateurs sont allés à la rencontre de spécialistes médicaux afin de mieux comprendre le comportement des personnes autistes et pour enregistrer la voix du personnage éponyme, la réalisatrice a fait appel à Madison, jeune autiste.
Par ailleurs, nous apprenons, dans le making-of de “Wind”, le plus poétique de ces courts-métrages et abordant le thème de l’immigration, qu’il s’agit d’une “lettre d’amour d’Edwin Chang à sa grand-mère, une mère seule après la guerre de Corée, qui a dévasté la péninsule. J’ai pensé aux sacrifices qu’elle a faits, et au fait que pour vivre dans un pays différent, mon père a dû l’abandonner.” Il s’agit de l’histoire d’une grand-mère et de son petit-fils pris tous deux au piège dans un ravin et tentant de s’envoler.
Des univers visuels élaborés
Enfin, SparkShorts nous offre des univers visuels des plus élaborés. Dans “Smash and Grab”, par exemple, nous découvrons un univers à la fois futuriste et très graphique grâce à l’histoire de deux robots. Certaines scènes ressemblent d’ailleurs à de véritables planches de bande dessinée, voire à des peintures.
Par ailleurs, dans “Kitbull” ou encore dans “Out”, les réalisateurs ont mêlé animation en 2D, animation en 3D, mais également des scènes animées à la main. Ils ont donc fait preuve d’un retour aux origines de l’animation, dont avait recours auparavant Disney. Cela montre donc bien que Pixar brise les frontières de l’expérimentation pour illustrer et aborder avec brio des sujets aussi poignants qu’émouvants qui nous concernent tous plus ou moins.
Par Cécile Breton, le
Source: France Inter
Étiquettes: SparkShorts, animaux, sexisme, autisme, pixar, coming-out
Catégories: Actualités, Cinéma