pieuvre
Image d’illustration — Osman Temizel / Shutterstock.com

Si les pieuvres sont connues pour changer de couleur lorsqu’elles rêvent, de récentes observations suggèrent que ces animaux fascinants pourraient également être sujets aux cauchemars.

Songes agités

Pré-publiées sur le serveur bioRxiv, ces nouvelles recherches ont impliqué le suivi étroit d’un individu mâle de l’espèce brésilienne Octopus insularis, conservé à l’université Rockfeller de New York. Le visionnage des heures d’enregistrement capturées par les caméras braquées sur son bassin a montré des changements soudains de sa coloration accompagnés de mouvements inhabituels alors qu’il était apparemment assoupi.

L’équipe a supposé qu’à l’instar du chien remuant les pattes durant son sommeil, le langage corporel de l’animal reflétait directement le contenu de son rêve. À différentes reprises, le céphalopode s’est même réveillé brusquement, agitant vigoureusement ses membres et expulsant une gerbe d’encre, comme s’il tentait de repousser un prédateur.

« Les séquences comportementales affichées par cette pieuvre au sortir d’un sommeil perturbé étaient similaires aux réponses comportementales aux cauchemars, aux terreurs nocturnes et à d’autres parasomnies chez les humains, avec une structure narrative ressemblant aux comportements de défense à l’état de veille chez les céphalopodes », écrivent les chercheurs.

Ces observations ne concernant qu’un seul spécimen, il est pour l’heure impossible d’affirmer qu’il s’agisse d’un comportement propre à l’espèce ou aux pieuvres en général. Toutefois, la possibilité que les songes de ces créatures remarquablement intelligentes reflètent les aspects les plus sombres de leur existence n’aurait rien de surprenant.

Une fonction essentielle

Il est intéressant de noter que les céphalopodes et les mammifères sont extrêmement éloignés sur l’arbre de la vie : notre plus récent ancêtre commun était un ver plat primitif qui vivait il y a environ 750 millions d’années. Cependant, ce véritable fossé temporel n’a pas empêché les deux groupes de développer la capacité de rêver, suggérant le caractère essentiel de cette fonction pour la vie intelligente.

« L’apparition potentielle de ce phénomène chez les pieuvres jetterait une lumière inattendue sur l’évolution convergente du sommeil chez des organismes éloignés les uns des autres et dotés de structures neuronales complexes », concluent les chercheurs.

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