Des archéologues ont découvert un véritable trésor au pied du rocher de l’Impératrice, à Plougastel-Daoulas. Datées de 14 000 ans, ces plaquettes de schiste gravées seraient les plus anciennes oeuvres d’art découvertes en Bretagne.

Qu’ont découvert les chercheurs ?

Ce sont quelques 45 plaquettes de schiste gravées qui ont été découvertes sur le site du rocher de l’Impératrice, en Bretagne. Si parmi elles, la pièce 741 (environ 30 cm de côté) baptisée « Kezeg brav » (« beau cheval » en breton) par les archéologues, arbore un magnifique cheval entièrement gravé sur les deux faces, une autre, découverte antérieurement, leur vole clairement la vedette. Il s’agit de la tablette 317, découverte deux ans plus tôt.

Tout comme la 741, elle est gravée des deux faces, mais représente la tête d’un auroch. D’un côté, on peut observer des rayons qui émanent de l’animal, à la manière d’une auréole. Baptisée « Buoc’h skedus » (« vache brillante » ou « taureau rayonnant »), elle interpelle les archéologues : « aucun équivalent d’animal « brillant » n’a pu être trouvé dans l’iconographie du paléolithique européen ».

La transition du style magdalénien au style azilien remise en question

« Les rayons ont été gravés après la tête de l’animal, et celui qui les a dessinés est repassé sur les cornes pour que l’auroch apparaisse bien au premier plan », a précisé au Monde Nicolas Naudinot, de l’université de Nice-Sophia-Antipolis, CNRS, et directeur de cette campagne de fouille commencée en 2013. Persuadés que ce genre de représentation n’est pas unique, les archéologues espèrent en exhumer beaucoup d’autres.

Nombreuses sont les hypothèses quant à ces découvertes. Si les chercheurs se demandent s’il s’agit de pièces sacrées, si elles avaient un rapport avec la chasse ou comment elles étaient disposées, c’est bien le style de ces oeuvres qui les interpelle le plus. En effet, bien que de culture azilienne, dont la caractéristique principale est l’exposition de figures géométriques, il semblerait que le style représenté ici est plutôt magdalénien, qui se traduit par un fort naturalisme avec un sens aigu du détail et des proportions, en rupture avec la culture précédente.

S’il ne faut pas tirer de conclusions hâtives de cette découverte, elle invite pourtant les chercheurs à considérer la tradition entre ces deux cultures comme étant plus graduelle qu’ils le supposaient.

Autrefois, un site méconnaissable 

Si les archéologues n’ont commencé à fouiller cette zone qu’en 2013, ce site archéologique avait pourtant attiré leur attention 30 ans auparavant, lorsqu’une tempête avait déraciné un pin maritime au pied de ce rocher de l’Impératrice, laissant apparaître pointes de flèches en silex et autres grattoirs.

Dès le premier été 2013, plusieurs pièces dont le « taureau rayonnant » ont été exhumées. Mais supposant les richesses que renferme ce site, ce n’est que quatre ans plus tard que les chercheurs ont rendu leur découverte publique, par peur des pillages. D’ailleurs, ce site est actuellement protégé d’un grillage de trois mètres de haut, en attendant les fouilles de l’été prochain.

Pour faire un saut dans le passé, ce site se trouvait en plein cœur d’une steppe, vaste étendue d’herbe quasiment dépourvue d’arbres, où galopaient aurochs, chevaux sauvages et bien d’autres animaux habitués au climat insoutenable qui sévissait il y a 14 000 ans, à la fin de l’âge glaciaire. Si aujourd’hui, l’endroit est situé à quelques centaines de mètres de la mer, le niveau de la mer était 90 mètres plus bas à l’époque. Pour la rejoindre, il fallait alors marcher 50 km vers l’ouest, jusqu’à l’actuelle île de Molène.

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