Deux chercheurs français ont enfin percé le secret de la dyslexie, un trouble qui affecte pas moins de 700 millions de personnes à travers le monde. Publiée dans la revue médicale The Royal Society, leur étude parvient à situer très précisément l’origine de la maladie : ce n’est pas dans le cerveau, mais dans les yeux qu’il faut chercher !

 

Les taches de Maxwell

Les auteurs de cette incroyable découverte sont deux scientifiques français : Albert Le Floch et Guy Ropars, physiciens à l’université de Rennes 1, ont accompli l’impensable à retraçant l’origine de la dyslexie. Plus de doute possible, le trouble de la lecture se niche dans nos yeux. Albert Le Floch explique : « Dans chaque œil, nous avons ce que l’on appelle une tache de Maxwell, du nom d’un célèbre physicien du XIXe siècle »; une tache présente dans nos deux yeux qui bloque le passage de la lumière bleue.

« Chez les gens non dyslexiques, ces taches ne sont pas les mêmes. Celle de l’œil directeur est parfaitement circulaire tandis que l’autre a plutôt une forme de patate diffuse. » Cette différence de taille entre la tache de l’oeil gauche et celle de l’oeil droit est essentielle à l’apprentissage de la lecture : « Si par exemple vous regardez la lettre « b », votre œil directeur va parfaitement l’imprimer dans une partie de votre cerveau tandis qu’une image inversée fantôme, donc un « d », sera stockée dans une autre partie. Mais le cerveau ne tiendra pas compte de cette lettre fantôme. »

Une question de symétrie

Chez les personnes atteintes de dyslexie, les deux taches de Maxwell se révèlent parfaitement identiques, symétriques au millimètre près : « Ils n’ont donc pas d’œil droit ou gauche directeur et l’image fantôme de la lettre ne va pas s’effacer. » À la lecture de lettres miroirs – p/q et b/d – ou de lettres exprimant des sons proches – ch/j et d/t – les yeux transmettent au cerveau deux résultats au lieu d’un. Submergé par le surplus d’information, le cerveau ne sait plus quelle lettre est sélectionnée : c’est de cette confusion que naît la dyslexie.

Afin d’étayer leur hypothèse, les deux physiciens ont mené leur étude sur une soixantaine d’étudiants : une moitié dyslexique et une seconde non-dyslexique. Le résultat est sans appel : chacune de leurs observation confirmait un peu plus leur soupçons. Cette découverte cruciale permettra une meilleure compréhension de la maladie et donc une nouvelle – peut-être meilleure – manière de traiter ce trouble de l’apprentissage : « Nous avons compris ce mécanisme et également mis au point un système de lampe de lecture qui permet de corriger cette anomalie. Nous espérons que ça pourra déboucher sur de nouvelles approches de traitement de la dyslexie. »

La nature de la dyslexie relèverait donc davantage de l’optique que de la neurologie. Une découverte qui chamboule pas mal de certitudes et qui pose de vraies questions : pourrait-on imaginer une paire de lunettes correctrices pour la soigner ? Est-il possible de concevoir pareils verres, capables de pallier aux déformations des taches de Maxwell ?

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