À l’aide du bien nommé Very Large Telescope, des astronomes ont obtenu un cliché remarquablement détaillé d’une supergéante rouge située à plus de 160 000 années-lumière.
WOH G64
Lorsque des étoiles massives arrivent à court d’hydrogène, qui constitue leur principale source de combustible, elles se mettent à gonfler comme des ballons pour former des géantes ou, dans les cas les plus extrêmes, des supergéantes rouges comme Antarès.
Appartenant à cette seconde catégorie, WOH G64 se révèle environ 1 540 à 2 575 fois plus grande que le Soleil. Elle se situe dans le Grand Nuage de Magellan, une galaxie satellite de la Voie lactée. Bien qu’elle soit étudiée par les astronomes depuis les années 1970, ce n’est que récemment qu’ils ont pu obtenir un aperçu détaillé de l’étoile.
Pour ce faire, Jacco van Loon, de l’université de Keele, et ses collègues ont utilisé l’interféromètre du Very Large Telescope, dans le désert d’Atacama au Chili, instrument combinant quatre télescopes individuels pour offrir une résolution équivalente à celle d’un dispositif de 200 mètres de diamètre.
Selon les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Astronomy & Astrophysics, si un télescope terrestre classique offrait un tel niveau de détail, il permettrait de photographier un astronaute marchant sur la Lune.
Un cocon dense de gaz et de poussière
Prise en lumière infrarouge, l’image montre une boule brillante de gaz et de poussière surchauffée (plus de 1 000 °C) formant un cocon dense autour de l’astre. « Nous ne nous attendions pas à voir une telle structure », souligne van Loon.
Le fait que WOH G64 semble moins brillante que lors de sa dernière observation suggère que la supergéante rouge s’est récemment débarrassée de ses couches externes, une phase critique de la vie stellaire bien documentée chez les supergéantes bleues, n’ayant jamais été observée chez une supergéante rouge.
« Cela pourrait indiquer que l’étoile est à quelques décennies, voire années, d’exploser [en supernova] », estime van Loon. « Observer un tel phénomène contribuerait à élargir largement nos connaissances. »
Fin septembre, des astronomes avaient « filmé » pour la première fois la surface bouillonnante d’une étoile géante.