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© Harry Quan / Unsplash

Dans le domaine médical, le glaucome est un défi de taille, surtout lorsque la perte de vision persiste malgré les traitements. Une percée scientifique en provenance de Chine suggère une association inattendue : des cellules immunitaires intestinales se déplacent vers les yeux, ce qui pourrait être lié à la perte de cellules ganglionnaires de la rétine (CGR) dans le glaucome. 

Des cellules immunitaires venues de l’intestin envahissent la rétine

Le glaucome, une famille de maladies neurodégénératives qui entraînent la perte de cellules ganglionnaires de la rétine, demeure un mystère malgré les traitements existants. Le principal facteur de risque du glaucome est une pression intraoculaire élevée (PIE), c’est-à-dire la pression à l’intérieur du globe oculaire. L’un des principaux objectifs de la thérapie est de réduire la PIE, mais cela n’arrête pas nécessairement la progression de la maladie.

Au cœur de la découverte se trouvent les cellules immunitaires de l’« axe intestin-rétine » qui, contre toute attente, établissent des connexions à travers le corps pour causer des dommages aux cellules ganglionnaires de la rétine, aggravant ainsi le glaucome.

Selon l’équipe de recherche, dirigée par les immunologistes cliniques Chong He, Wenbo Xiu, Qinyuan Chen et Kun Peng de l’université des sciences et technologies électroniques, « les cellules T et autres cellules immunitaires circulantes ne sont normalement pas autorisées à pénétrer dans la rétine ».

Mais chez certains patients atteints de glaucome, cette barrière est affaiblie par une pression trop élevée à l’intérieur de l’œil. Cela permet à des lymphocytes T particuliers, qui portent un récepteur nommé intégrine β7, de passer la barrière et d’atteindre la rétine.

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Une reprogrammation des cellules immunitaires dans l’intestin

Le mystère du glaucome s’épaissit avec la révélation de la présence de cellules immunitaires spécifiques qui migrent du tube digestif vers les yeux. Les quatre chercheurs ont travaillé sur une étude de 2021 qui a montré l’existence d’un groupe de cellules immunitaires CD4+ dotées du récepteur intestinal intégrine β7. Celles-ci se frayent un chemin vers la rétine avec l’aide d’une protéine appelée molécule d’adhésion des cellules d’adressage des muqueuses 1 (MAdCAM-1). 

Les dernières recherches de He, Xiu et de leur équipe ont confirmé un lien entre les cellules T CD4+ qui expriment l’intégrine β7, MAdCAM-1 et la gravité de la maladie du glaucome chez les patients.

Les chercheurs ont analysé le sang de plus de 519 patients atteints de glaucome et 189 témoins sains. Ils ont constaté qu’une proportion notablement plus élevée de cellules T CD4+ exprimant la β7 a été observée par rapport aux individus en bonne santé. De plus, les patients atteints de glaucome qui présentaient une concentration accrue de ces cellules dans leur sang affichaient des lésions oculaires plus graves.

En effet, ces cellules font un détour par le tube digestif avant d’aller vers les yeux. C’est là qu’elles sont reprogrammées pour pouvoir se lier à la protéine MAdCAM-1 et entrer dans la rétine. Les chercheurs ont confirmé ce mécanisme chez des souris atteintes de glaucome.

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— © Ske. / Wikimedia Commons

Un espoir de traitement en bloquant l’interaction entre les cellules et la protéine

Les chercheurs ont testé un traitement chez les souris qui consistait à bloquer l’interaction entre les lymphocytes T portant l’intégrine β7 et la protéine MAdCAM-1 avec des anticorps. Ils ont observé que cela diminuait les dommages causés par le glaucome. Selon les auteurs, les lymphocytes T CD4+ 7+ licenciés par l’intestin et MAdCAM-1 jouent un rôle dans la dégénérescence des cellules ganglionnaires de la rétine.

Ce nouveau point de vue sur le glaucome soulève des questions sur la façon dont l’intestin et les yeux sont liés d’une manière qui n’avait pas été anticipée auparavant. Les chercheurs considèrent désormais que l’« axe intestin-rétine » joue un rôle clé dans la genèse du glaucome, ce qui remet en question certaines idées reçues sur la maladie. 

Cette approche thérapeutique pourrait ouvrir la voie à de nouveaux traitements pour les patients atteints de glaucome. En ciblant le système immunitaire et son lien avec l’intestin, elle offre une lueur d’espoir aux personnes qui luttent contre cette maladie débilitante.

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