Les relevés d’avions équipés de radars à pénétration de sol ont révélé la présence d’un paysage perdu, vieux de plusieurs millions d’années, sous l’épaisse calotte glaciaire de l’Antarctique oriental.
Topographie sous-glaciaire
À l’exception de quelques pics montagneux, la quasi-totalité des caractéristiques géologiques de l’Antarctique sont recouvertes par une couche de glace de plus de deux kilomètres d’épaisseur. Si de précédentes mesures avaient offert un aperçu des contours de ce paysage caché, Stewart Jamieson, de l’université de Durham, et ses collègues ont comparé données satellite et radar afin de révéler en détail sa topographie.
La région « Highland A » a particulièrement retenu l’attention des scientifiques. Localisée dans la partie est du continent et s’étendant sur 32 000 kilomètres carrés, celle-ci se compose de vallées profondes et des collines abruptes, qui abritaient autrefois des forêts et probablement des animaux.
Selon les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Nature Communications, son histoire géologique remonterait à au moins 180 millions d’années, lorsque l’Antarctique s’est séparé du supercontinent Gondwana. Dessinés par des rivières s’écoulant dans les failles créées par la rupture, ses « fjords » auraient été creusés par les glaciers s’étant formés lorsque le climat s’est refroidi, il y a environ 34 millions d’années, et qui recouvraient probablement entièrement la zone il y a 14 millions d’années.
À mesure que le refroidissement s’est accéléré et que la calotte glaciaire s’est étendue au-dessus de la région, la topographie des zones environnantes a été gommée. La base froide formée par les glaciers a empêché l’érosion de la roche sous-jacente, contribuant ainsi à préserver les caractéristiques de Highland A.
Des données précieuses
La plupart des recherches sur la fonte des glaces en Antarctique s’étant jusqu’à présent concentrées sur la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental, ces nouvelles données vont contribuer à affiner nos modèles climatiques.
Si la préservation de la région Highland A indique qu’elle n’a pas été affectée par le retrait de la glace au cours de précédentes périodes de réchauffement (notamment au Pliocène, il y a entre 3 et 4,5 millions d’années), Jamieson rappelle que le point de bascule climatique d’une fonte incontrôlée reste aujourd’hui obscur.
Courant 2022, des scientifiques néo-zélandais avaient découvert un impressionnant écosystème à plusieurs centaines de mètres sous la surface de la principale plateforme de glace de l’Antarctique.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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