Un patient lyonnais tétraplégique vient de vivre un grand moment. En effet, il est parvenu à piloter un exosquelette à quatre membres, par la pensée, pour remarcher. Des résultats que l’on doit à des chercheurs français.
Des recherches menées par des chercheurs français
L’équipe française du professeur émérite de l’université Grenoble-Alpes Alim-Louis Bendabid et Stephan Charbades de Clinatec vient d’apporter un véritable message d’espoir aux personnes touchées par la tétraplégie. En effet, cette vidéo nous montre les résultats de l’étude clinique qui a été menée au centre de recherche grenoblois Clinatec (CEA, CHU Grenoble-Alpes) : « Brain Computer Interface« . Ces résultats ont été publiés dans The Lancet Neurology.
Grâce à cette étude, ce patient est parvenu à piloter un exosquelette à quatre membres grâce à des implants dans le cerveau. Ce dispositif implantable a pour nom « Wimagine(R)« . Il enregistre les signaux cérébraux au niveau du cortex sensori-moteur qui sont émis par le patient lorsqu’il souhaite faire un mouvement. Les signaux sont ensuite décodés et directement traduits en commandes motrices vers l’exosquelette. Environ 20 % des patients touchés par ce traumatisme sont privés de l’usage de leurs quatre membres. Grâce à ce dispositif, la clinique espère les aider à retrouver leur mobilité avec un système entièrement piloté par la pensée.
Paralysé des quatre membres suite à une chute
Un patient de seulement 28 ans a été sollicité pour réaliser cette étude. Suite à une lésion de la moelle épinière causée par une chute, celui-ci est devenu tétraplégique. De longues années de recherches ont suivi. En juin 2017, deux dispositifs Wimagine(R) composés de 64 électrodes chacun ont été implantés sur chaque hémisphère de son cerveau, au niveau de son cortex sensori-moteur. A la suite de cette opération, le jeune Lyonnais s’est entraîné chez lui pendant des mois à l’aide d’un simulateur. Il a pu faire bouger, par la pensée, des formes virtuelles visibles sur un écran. Il s’est ensuite rendu une semaine par mois à la clinique afin de piloter le véritable exosquelette.
Après des mois d’acharnement, tous ces exercices lui ont permis de retrouver une forme de dextérité. A partir du 21 juillet 2019, il était parvenu à faire faire quelques pas à l’exosquelette ainsi que les deux membres supérieurs, plier le coude et lever les épaules, à l’aide de son cerveau. Le test réalisé à l’aide d’un avatar a été réussi à 64 %. Avec un véritable exosquelette, le pourcentage de réussite s’est élevé à environ 71 %.
Thibault, le jeune patient, est stupéfait des résultats de cette étude. En effet, il était complètement alité avant de participer à cette expérimentation. Il explique d’ailleurs que « la plasticité cérébrale fait qu’on retrouve les ordres à envoyer pour obtenir les bons mouvements, de manière beaucoup plus souple, beaucoup plus naturelle. Je ne pensais pas qu’on pourrait aller aussi loin. Quand on a eu toutes les douleurs, toutes les souffrances que j’ai pu vivre, je n’ai aucune frustration, ça a toujours été un plaisir de pouvoir participer à cette recherche », précise-t-il. Ce patient est donc ravi de pouvoir contribuer à l’avancée de la science. Il ne faut tout de même pas oublier la fatigue qu’engendrent ces entraînements.
Un dispositif qui demande encore des améliorations
Jusqu’à présent, aucun effet secondaire n’a été observé. Néanmoins, le patient n’a ressenti aucune amélioration de ses déficits. Ce n’est donc que le début d’une expérience qui demande encore beaucoup de recherches. Pour le moment, les recherches doivent être poursuivies. En effet, l’exosquelette ne permet un mouvement réalisé qu’à l’aide d’un harnais. Le patient ne peut pas encore marcher de manière autonome.
Le professeur Tom Shakespeare, de la London School of Hygiene and Tropical Medecine et spécialiste du handicap, explique dans The Lancet Neurology que « bien que cette étude présente une avancée bienvenue et passionnante, nous ne devons pas oublier que « la preuve de concept » est loin de représenter une possibilité clinique. Par ailleurs, il est important de préciser que ce genre de technologie a un coût très élevé. Elle n’est donc pas accessible à tout le monde. De plus, il précise que seulement « 15 % » des handicapés ont accès à des fauteuils roulants.
Le cas de Thibault reste tout de même un bon espoir pour l’avenir des patients tétraplégiques. Beaucoup rêvent de pouvoir marcher à nouveau. Ces expérimentations pourraient réellement aider les personnes traumatisées tout en les poussant à ne pas uniquement se concentrer sur les membres en mouvement, mais également sur la douleur et le traumatisme en lui-même.
Par Cécile Breton, le
Source: Sciencesetavenir.fr
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