Les hyperactifs auraient tort du point de vue de l’évolution. Une récente étude sur des mollusques montre en effet que les espèces qui ont un métabolisme intense risquent plus l’extinction. La paresse, une bonne stratégie ?
Une espèce avec un métabolisme de base élevé court un risque d’extinction
Amis fainéants, réjouissez-vous ! Moins vous en faites, plus votre survie est assurée. C’est en tout cas ce que suggère cette nouvelle étude parue dans la revue Proceedings of the Royal Society B, qui s’est intéressée à des mollusques vivant dans l’océan Atlantique. Les chercheurs ont calculé le métabolisme de base (c’est-à-dire la quantité d’énergie dont l’animal a besoin pour vivre au quotidien) de 299 animaux, actuels ou fossiles. Ils ont travaillé à partir de mollusques de l’ouest de l’océan Atlantique sur une période d’environ cinq millions d’années. Les chercheurs ont observé une différence significative de métabolisme entre les animaux qui se sont éteints et ceux qui ont survécu : les espèces disparues avaient tendance à avoir des métabolismes de base plus élevés que les espèces toujours vivantes.
Ces travaux pourraient aider à déterminer quelles sont les espèces qui risquent de disparaître, notamment avec le changement climatique en cours. Si le métabolisme de base n’est bien entendu pas le seul paramètre à considérer, un métabolisme de base élevé serait un bon indicateur de la probabilité d’extinction, d’autant plus si l’espèce vit dans un habitat restreint : cela s’est avéré moins vrai pour les espèces réparties sur un large territoire de l’océan.
Cette étude chamboule un peu l’idée qu’on se fait de l’évolution et de la sélection des individus : ce n’est pas forcément l’espèce la plus capable et la plus combattive qui survit, mais plutôt la plus apathique ! Bruce Lieberman, professeur à l’université d’Oxford, en convient : « Peut-être qu’à long terme, la meilleure stratégie évolutive pour les animaux sera d’être languissant et paresseux. »
Le fainéant est-il l’avenir de l’humanité ?
Mais est-ce vrai pour des espèces de vertébrés et notamment l’Homme ? Pour le savoir, il faudra élargir ces recherches à d’autres groupes d’animaux et déterminer si le phénomène concerne uniquement les mollusques ou s’il peut être généralisé. Luke Strotz explique : « Nous voyons ces résultats comme généralisables à d’autres groupes, du moins dans le domaine marin. » Au-delà d’inciter à la paresse, ces travaux montrent surtout que la nature sélectionne l’efficacité énergétique : des individus qui parviennent au même résultat que les autres en s’agitant le moins possible sont privilégiés d’un point de vue évolutif.
Par Elodie Aupetit, le
Source: Futura Sciences
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