Malgré les découvertes successives faites par des chercheurs, le fonctionnement de l’Univers conserve de nombreuses zones d’ombre. C’est particulièrement vrai dans le domaine de la biologie. Toutefois, la découverte relativement récente d’une famille de virus à la taille gigantesque pourrait permettre de comprendre le fonctionnement de ces organismes complexes. 

La taille stupéfiante des pandoravirus

C’est sur une plage de Santiago du Chili que les premiers spécimens ont été découverts, en 2013. Cette famille de virus est connue sous le nom des Pandoravirus (à cause de leur forme semblable à la boîte de Pandore) et la première caractéristique qui les décrit, c’est leur taille : ils sont gigantesques. Par rapport à tous les virus découverts jusqu’à présent, les scientifiques n’avaient jamais rien vu d’aussi grand. Pour certains, cette grande taille serait même la raison pour laquelle ils ont été observés si tard. Si la première famille de méga-virus fut décrite dans des articles dès 2003, sous le nom de Mimiviridae, les experts de l’époque s’étaient trompés sur leur nature en pensant avoir affaire à des bactéries. Pour en revenir à leur taille exceptionnelle, il s’agit ici de particules cent fois plus grandes que celles de virus classiques (on les mesure juste en dessous du micromètre quand les autres se mesurent en nanomètres).

Les premiers spécimens ont donc été trouvés dans des sédiments sur la plage de Tunquen au Chili. Ensuite, d’autres furent trouvés dans des amibes prélevées dans un marécage en Australie. Un troisième spécimen fut trouvé en 2015 après l’étude du cas d’une lentille de vue infectée. Ce qui surprend les chercheurs, c’est finalement le peu de gènes en commun qu’ont ces virus, malgré leur taille gigantesque. Des chercheurs français ont comparé les différents membres de Pandoravirus et ont été surpris de voir très peu de gènes communs. Mais leurs études ont mené à d’autres découvertes encore plus étonnantes concernant leur développement.

Des virus qui créent leurs propres gènes

Une chose est connue des scientifiques : la plupart des virus n’ont pas besoin de beaucoup de gènes pour se développer. En général, ils s’implantent dans d’autres organismes pour grandir plus facilement. Dans le cas de ces énormes virus, il semble que cela soit différent. D’une part, ils ont un génome énorme très lourd et riche. Le record est la propriété du Pandoravirus salinus qui possède 2473 paires de base, ce qui est considérable. Les chercheurs se sont alors demandé pourquoi posséder autant de gènes alors que les autres virus en ont si peu ? La réponse tient à la nature de ces gènes. En effet, en comparant les spécimens, seuls 7 % du génome est similaire. Et surtout, on recense la présence anormale de gènes orphelins (uniques), introuvables dans d’autres génomes.

Seconde surprise pour les scientifiques : ces gènes orphelins possèdent des régions avec des signatures non codées. Pour le résumer plus simplement, ces Pandoravirus seraient capables de développer leurs propres gènes, de les créer à partir de rien. Ainsi, au lieu de les hériter d’un ancêtre commun et de les ajuster au fil de leur évolution, ils les créeraient à partir d’un ensemble anarchique non codé. Selon le chercheur chevronné Jean-Michel Claverie (du laboratoire d’Information Structurale et Génomique), « si tout cela s’avère vrai, la longue quête sur l’origine de l’évolution des gènes de ces virus prendrait fin ». Cela placerait ces virus à part, dans une catégorie unique où les gènes sont assemblés à partir d’une masse plutôt que prélevés dans une banque génétique.

Après cette découverte fascinante, de plus en plus de ces virus sont découverts à travers le monde. Bien entendu, le débat est loin d’être clos et de nombreuses recherches doivent encore être faites. Néanmoins, cette découverte offre des perspectives uniques sur les origines des virus, ces organismes parmi les plus anciens du cycle de la vie.

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