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Si l’année 2020 s’est révélée particulièrement sombre en raison de la pandémie de coronavirus, de récentes recherches ont montré que cette dernière avait enrayé la propagation d’une mystérieuse maladie paralysante.

« Nous avions prédit qu’une épidémie majeure de EV-D68, et donc de MFA, aurait encore été possible en 2020 »

Affectant principalement les enfants, la myélite flasque aiguë (MFA) est une maladie neurologique semblable à la polio qui provoque une faiblesse musculaire et, dans certains, une paralysie permanente, voire la mort. Pendant des décennies, les cas de MFA ont été très rares, mais ces dernières années, des épidémies de plus en plus importantes, semblant se reproduire tous les deux ans, ont été enregistrées dans le monde.

Les épidémies de MFA et d’un virus rare appelé entérovirus D68 (EV-D68) ayant tendance à coïncider, de nombreux travaux antérieurs ont conclu qu’elles étaient très certainement liées.

Dans cette nouvelle étude publiée dans la revue Science Translational Medicine, Sang Woo Park et ses collègues de l’université de Princeton ont suivi l’évolution des cas d’EV-D68 entre 2014 et 2019. Le virus connaissant d’importantes résurgences les années paires, attribuables à des facteurs climatiques, leurs données suggéraient que l’année 2020 aurait dû être marquée par une nouvelle vague.

« Nous avions prédit qu’une épidémie majeure de EV-D68, et donc de MFA, aurait encore été possible en 2020 dans des conditions épidémiologiques normales », souligne Park. « Bien évidemment, comme nous avons tous eu le malheur de le constater, les conditions épidémiologiques étaient tout sauf ordinaires en 2020, et la combinaison attendue d’EV-D68 et de MFA ne s’est jamais produite », expliquent les chercheurs dans leur étude.

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Un net recul du nombre de cas

Aux États-Unis, pays comptant le plus grand nombre de cas de Covid-19, les effets combinés de la distanciation sociale, de la fermeture de certains commerces, des périodes de confinement et de mesures d’isolement ont semblé diminuer non seulement la propagation du SARS-CoV-2, mais aussi celle d’EV-D68. Alors que l’on avait dénombré 153 cas de MFA en 2016 et 238 cas en 2018, seuls 31 ont été enregistrés en 2020.

« Notre analyse préliminaire indique que la réponse à la pandémie de Covid-19 est susceptible d’avoir affecté la dynamique de l’épidémie de EV-D68 en 2020 », écrivent les auteurs de l’étude.

Toutefois, la prudence reste de mise, l’équipe expliquant que « l’année sabbatique » non planifiée d’EV-D68 pourrait avoir réduit significativement l’immunité virale au sein de la population.

« Sur la base du faible nombre de cas [prévus] d’EV-D68 en 2019, nous nous attendons à ce que le nombre d’individus sensibles ait augmenté, ce qui renforce la probabilité qu’une épidémie de grande ampleur se produise », estime Park. « Si la distanciation sociale empêche l’épidémie de se produire, alors le bassin de personnes susceptibles [de contracter la maladie] peut augmenter encore plus. »

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