L’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) entend reconnaître l’espace comme un domaine militarisé cette année. Une décision destinée à répondre aux nouvelles formes de menaces et à prouver à Donald Trump que l’Alliance est pertinente, quelques semaines après l’annonce de la création d’une force spatiale nationale par le président américain.

L’OTAN veut reconnaître l’espace comme un domaine militarisé

La décision, qui doit être prise lors du sommet de Londres les 3 et 4 décembre prochains, auquel Donald Trump doit assister, reconnaîtrait officiellement que les batailles pourront être menées non seulement dans l’espace, en plus des champs de bataille habituels (terre, air, mer, réseaux informatiques). Selon les diplomates de l’OTAN, cette décision ne marquerait pas le début d’une guerre, mais permettrait d’aborder la question de la nécessité ou non de déployer des armes spatiales capables de détruire les missiles et les défenses aériennes ennemis ou d’anéantir des satellites. Faire de l’espace une nouvelle frontière en matière de défense prouverait aux États-Unis le bien-fondé de l’alliance et permettrait par ailleurs de dissuader la Chine de s’élever au rang de puissance militaire rivale.

À l’heure actuelle, les pays de l’OTAN détiennent 65 % des satellites évoluant dans l’espace. La Chine envisage de déployer des constellations massives de satellites capables d’offrir des services allant de l’Internet à haut débit dans les avions au suivi des missiles et des troupes au sol. Elle développe par ailleurs des armes utilisables en orbite, et est devenue le premier pays à se poser sur la face cachée de la Lune l’année passée. Autrefois partenaire stratégique de l’OTAN, la Russie fait partie des rares pays disposant de la technologie nécessaire pour lancer des satellites en orbite et est aujourd’hui considérée par de nombreux pays membres comme une puissance hostile. D’après Jamie Shea, ancien responsable de l’OTAN : « Celui qui contrôle l’espace contrôle également ce qui se passe sur Terre. »

« L’espace est utilisé à des fins pacifiques, mais il peut également l’être à des fins d’agression »

Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, a de son côté déclaré : « L’espace est utilisé à des fins pacifiques, mais il peut également l’être à des fins d’agression. Les satellites peuvent notamment être brouillés, piratés ou armés, et les armes antisatellites seraient en mesure de paralyser les communications, il est donc important que nous soyons vigilants. À l’heure où le domaine spatial devient de plus en plus congestionné et contesté, il apparait essentiel de légiférer. » Bien qu’aucun déploiement d’armes spatiales en orbite n’ait été jusqu’à présent constaté, les États-Unis, la Russie et la Chine seraient en mesure d’endommager et de détruire des satellites à l’aide de missiles ou de lasers tirés depuis la Terre, ou en orchestrant des collisions délibérées avec leurs propres appareils.

Reconnaître l’espace comme un espace militaire opérationnel offrirait à l’OTAN un cadre solide pour évoquer ces différentes questions, et trouver la manière adéquate d’y répondre. Dans un premier temps, l’Alliance devrait s’appuyer sur les ressources spatiales de ses pays membres et assurer leur coordination plutôt que le développement de nouvelles technologies. Mais à long terme, certains éléments d’un système spatial exploité par l’OTAN pourraient avoir un rôle à jouer. La question centrale pour l’Alliance consistera à savoir si, et dans quelles circonstances, l’article 5 de son traité de défense fondateur (en vertu duquel une attaque contre un allié représente une attaque contre l’ensemble des pays membres) pourra être appliqué.

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