Osamu Tezuka est une véritable sommité dans le monde du manga. Car si son nom n’est pas spécialement connu en France, il est considéré comme le « Dieu du Manga » au Japon. Mangaka précurseur, auteur d’une oeuvre colossale et créateur de l’animation japonaise telle qu’on la connait encore aujourd’hui, Tezuka reste un véritable monument de la culture japonaise contemporaine. SooGeek vous propose de revenir sur son oeuvre colossale. 

 

Un artiste précoce, ultra-populaire et engagé 

 

Osamu Tezuka nait en 1928 et passe son enfance à la campagne dans la ville de Takarazuka, où son imaginaire est durablement marqué, entre la nature sauvage et les films de Chaplin et de Disney projetés directement à la maison par son père. Dessinateur précoce, Tezuka se destine cependant d’abord à des études de médecine, même s’il publie en parallèle ses premiers mangas en 1946. Devenu mangaka à plein temps, Tezuka crée en 1952 ce qui deviendra son personnage emblématique : Astro Boy. Toujours prêt à oeuvrer pour le bien, le petit robot jovial redonne espoir et foi en l’avenir à un Japon encore dévasté par la guerre. Pour parvenir à garder le rythme de ses publications, le maître s’entoure d’ailleurs d’assistants-dessinateurs, un modèle qui perdure encore dans la création de mangas aujourd’hui.

De fait, la plupart des grands mangas de Tezuka qui suivent, comme Le Roi Léo et Princesse Saphir, reprennent la même tonalité qu’Astro Boy avec les mêmes personnages sensibles et épris de justice, le tout avec un style visuel se distinguant par de grands yeux très expressifs et une narration alternant passages graves et dramatiques et moments plus légers et comiques pour ne pas rendre l’ensemble trop pesant. Autant de choses qui seront reprises par la suite par de nombreux autres mangakas. De même, que ce soit avec Le Roi Léo ou Astro Boy, Tezuka s’engage fermement contre la guerre et pour la défense de l’environnement. Ses oeuvres plus tardives, comme Black Jack, se distingueront quant à elles par une tonalité plus grave, sombre et complexe.

 

L’inventeur de l’animation japonaise

 

Ce qui va achever de faire de Tezuka une référence dans le paysage culturel japonais de l’après-guerre, en plus de ses mangas bien entendu, est bien sûr sa contribution à l’animation japonaise. Afin d’adapter lui-même ses plus grands succès sur le grand et le petit écran, il crée Mushi Production. Ce studio lui permet de réaliser l’anime Astro Boy, première série animée diffusée de manière hebdomadaire à la télévision japonaise en 1962, puis l’anime Le Roi Léo en 1965, premier anime japonais en couleurs diffusé à la télévision japonaise. En parallèle, l’artiste réalise plusieurs longs-métrages animés plus ou moins expérimentaux comme Tableaux d’une exposition ou La Légende de la forêt.

Si Mushi Production ferme en 1973, Tezuka disposera tout de même d’un second studio fondé en 1968, Tezuka Productions, et son intervention dans le domaine de l’animation sera riche d’enseignements pour toute l’industrie. C’est en effet Tezuka et ses équipes qui vont créer un rythme de production qui va être repris par tous les studios d’animation japonais : animation de qualité mais simplifiée au maximum et utilisation massive et intelligente d’images fixes. Le tout avec un rythme de travail très soutenu pour parvenir à livrer un épisode par semaine. Ce qui explique pourquoi encore aujourd’hui les animes reprennent toujours ces traits distinctifs qui sont à la fois désormais esthétiques mais également liés à leurs conditions de production.

 

Un héritage phénoménal 

 

Tezuka reste un travailleur acharné jusqu’à sa mort, en 1989, des suites d’une longue maladie. Entre autres projets laissés inachevés, Tezuka prévoyait un manga sur la vie de Beethoven ou encore une adaptation de la Bible sous forme d’un film d’animation. Ces projets, au même titre que d’autres de ses oeuvres telles que Le Ara aux sept couleurs, un manga traitant de critiques de théâtre de manière imagée, montrent à quel point Tezuka croyait en la capacité du manga et de l’anime à traiter tous les sujets, une philosophie qui, au-delà de toutes ses autres trouvailles techniques et formelles, continue de faire l’essence de la bande dessinée japonaise.

Outre cet héritage qui continue d’influencer un pan énorme de la culture pop japonaise, Tezuka fait bien sûr partie du patrimoine japonais. Son ancien studio Tezuka Productions continue d’adapter régulièrement à l’écran ses oeuvres, notamment Astro Boy qui a eu droit à une nouvelle version en 2003 (date à laquelle le petit robot est censé être créé dans le manga). De même, un musée (photo ci-dessus) est dédié à Osamu Tezuka dans la ville de Takarazuka où il a passé son enfance, l’établissement présentant de manière ludique l’oeuvre du grand auteur grâce à des mises en scène directement inspirées de ses histoires. De quoi mettre en valeur pendant encore longtemps les 700 mangas et 70 films et séries d’animation que le « Dieu du Manga » a légués à la postérité.

 

Cela peut paraitre incroyable, mais Osamu Tezuka a bien fait tout cela, et on lui doit beaucoup pour ce pan immense de la culture japonaise que sont les mangas et les animes que nous apprécions tant. Cependant, même si son oeuvre et son influence demeurent relativement peu connues en France, il n’en demeure pas moins que nous pouvons croiser son héritage à pratiquement chaque page de manga ou chaque scène d’anime. Quelle réalisation d’Osamu Tezuka vous a le plus marqué ?

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