Vue d’artiste de Dromornis tirtoni — © Peter Trusler

Pour la première fois, des scientifiques australiens se sont penchés sur les cerveaux d’oiseaux les plus massifs jamais découverts et ont déterminé que leurs propriétaires représentaient d’étranges expériences de l’Évolution.

Des morphologies crâniennes et cérébrales atypiques

Également connus sous le nom de « mihirungs », mot aborigène signifiant « oiseau géant », les dromornithidés étaient un groupe d’oiseaux gigantesques incapables de voler ayant vécu en Australie à la fin de l’Oligocène, il y a environ 25 millions d’années, jusqu’à leur extinction durant le Pléistocène, il y a environ 50 000 ans. Selon les auteurs de cette nouvelle étude, publiée dans la revue Diversity, les plus grandes espèces pouvaient mesurer jusqu’à 3 mètres et peser environ 600 kilos.

L’équipe s’est concentrée sur les crânes fossiles de quatre espèces de mihirungs ayant vécu durant la période évoquée plus haut : Dromornis murrayi, qui parcourait le continent australien il y a environ 24 millions d’années, Dromornis planei et Dromornis ilbandornis, qui vivaient tous deux il y a environ 12 millions d’années, et Dromornis stirtoni, il y a environ 7 millions d’années.

Les cerveaux de ces anciens oiseaux ont été scannés afin de créer des modèles 3D de ces derniers, qui ont ensuite été comparés à ceux de parents modernes similaires (bien que plus petits). Ces analyses ont mis en évidence d’importantes différences en termes de taille et de forme, et montré que la structure de l’encéphale des mihirungs ressemblait davantage à celle des poulets modernes. À partir de ces données, les chercheurs ont été en mesure de déterminer leur biologie et leur mode de vie.

Si les ossements de ces oiseaux géants incapables de voler sont relativement courants dans les archives fossiles, leurs crânes sont extrêmement rares. Appartenant à Dromornis planei, le plus complet connu a été découvert à la fin des années 1980 et était rempli de calcaire solide. Une technique d’imagerie avancée a permis aux chercheurs de « voir » à l’intérieur du crâne et de révéler la forme du cerveau pour la première fois — © Flinders University

« Ces proto-poulets géants ayant évolué sur le continent australien représentaient des expériences évolutives extrêmes »

« Avec leurs grands yeux orientés vers l’avant et leur très gros bec, la forme de leur cerveau et de leurs nerfs suggère que ces oiseaux possédaient probablement une vision stéréoscopique bien développée, ou perception de la profondeur, et qu’ils se nourrissaient de feuilles et de fruits mous », explique le Dr Warren Handley, auteur principal de l’étude.

L’espèce la plus récente, Dromornis stirtoni, s’est révélée particulièrement fascinante. Deuxième plus grand oiseau connu à avoir jamais vécu, il arborait une tête de forme étrange qui, selon l’équipe, aurait renfermé un cerveau à la structure tout aussi atypique.

Pour accueillir les muscles nécessaires au maniement de ce bec massif, le crâne était devenu plus haut et plus large que long. « Par conséquent, le cerveau qu’il abritait était comprimé et aplati pour s’adapter », explique Trevor Worthy, auteur principal de l’étude. « Ces proto-poulets géants ayant évolué sur le continent australien représentaient des expériences évolutives extrêmes. »

Représentation de Genyornis newtoni, dernier mihirung connu — © Peter Trusler
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