Le bilan publié par les Nations unies mardi dernier nous informe que nous avons raté tous les objectifs qui avaient été fixés, il y a dix ans, pour sauver la planète. Depuis 1970, environ 70 % de la population d’animaux sauvages, d’oiseaux et de poissons a disparu.
L’être humain, l’espèce la plus dangereuse de la Terre
L’activité humaine a sévèrement dégradé trois quarts de la surface terrestre, selon la commission d’experts de la biodiversité des Nations unies (IPBES). En conséquence, un million des espèces animales font face à l’extinction. « Actuellement, nous avons comme attitude systématique d’exterminer toute vie non humaine sur Terre », alerte Anne Larigauderie, membre de l’IPBES, au micro de l’AFP.
La pandémie de coronavirus a jeté à l’eau deux sommets mondiaux qui devaient avoir lieu pour mettre en place des mesures visant à préserver la biodiversité cette année. Les négociations de la COP15 et le Congrès mondial de la nature (UICN) sont ainsi reportés à 2021. Larigauderie souhaite au moins que cette crise sanitaire serve de sonnette d’alarme pour les dirigeants de la planète. « Nous nous rendons compte, dit-elle, que cette crise est elle-même corrélée à tout ce dont nous aurions voulu parler pendant la COP15. »
Comme l’observe Elizabeth Maruma Mrema, secrétaire de direction à la Convention sur la diversité biologique, cette crise eut au moins le mérite de montrer que la déforestation et l’envahissement de l’activité humaine au sein des espaces sauvages ont « un impact direct sur nos vies quotidiennes », et que « nous sommes l’espèce la plus dangereuse ». Nous sommes responsables des catastrophes en cours, et de même, la possibilité d’un changement du système ne dépend que de nous.
Une dernière chance ?
L’étude réalisée par les Nations unies nous laisse quelques pistes possibles pour viser de rattraper les dégâts d’ici 2030. Il s’agirait de changer radicalement notre système agricole, de mettre un terme à la surconsommation et de réduire drastiquement le gâchis alimentaire.
Une partie de l’espoir repose sur les populations indigènes, qui sont un élément clé de la préservation de l’environnement. Elles contrôlent 80 % de la biodiversité mondiale. Interrogé par l’AFP, Andy White, coordinateur du groupe Rights and Resources Initiative (RRI), estime qu’il n’y a « plus aucune excuse valable » qui justifie de ne pas investir dans la préservation et le développement de ces communautés. White affirme qu’il faudrait renforcer les droits inhérents aux terres indigènes, et rappelle que ces écosystèmes sont essentiels à la santé de notre planète et de sa population.
Pour s’encourager à mettre fin au désastre et garder espoir, on peut noter que le taux de déforestation a chuté d’environ un tiers en comparaison avec la décennie précédente. Aussi, entre 2000 et 2020, les espaces naturels protégés sont passés de 10 % à 15 % des terres de la planète, et de 3 % à un peu plus de 7 % pour les océans.
Une urgence planétaire
Le principal danger pointé par la dernière édition de Perspectives mondiales de la biodiversité (Global Biodiversity Outlook, communément abrégé GBO) concerne les subventions aux énergies fossiles, estimées à environ 500 milliards de dollars annuels. David Cooper, rédacteur en chef du rapport paru par le GBO, rapporte que les « intérêts personnels » de certains individus proches du gouvernement poussent les États à soutenir les industries polluantes plutôt qu’à travailler à la mise en place d’une taxe carbone.
Constatant l’échec des vingt objectifs environnementaux qui avaient été fixés pour la dernière décennie, Cooper affirme que nous sommes face à « une urgence planétaire ». Ce n’est pas seulement les espèces qui vont disparaître, mais nos écosystèmes qui seront trop endommagés pour pouvoir répondre aux besoins de nos sociétés.
Par Solene Planchais, le
Source: Science Alert
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