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Découverte d’un nouveau sens chez le chien : la détection du rayonnement thermique

Seul un nombre restreint d'espèces animales en est capable

— Lorenzooooo / Shutterstock.com

Le chien ne cessera de nous étonner ! Le meilleur ami de l’Homme a beau être à nos côtés depuis des milliers d’années, les scientifiques continuent de faire d’incroyables découvertes à son sujet. S’ils savaient déjà que son odorat était extrêmement développé, des chercheurs ont récemment découvert que la truffe du chien pouvait détecter les faibles rayonnements thermiques. Une capacité très rare dans le monde animal.

La truffe du chien, un outil extraordinaire

Le nez du chien est 100 millions de fois plus sensible que le nôtre, à tel point que les chiens sont capables de détecter le cancer. Mais leurs capacités ne s’arrêtent pas là puisque des chercheurs ont découvert qu’ils étaient capables de détecter un faible rayonnement thermique, c’est-à-dire la chaleur corporelle des proies mammifères. Cette découverte, publiée dans la revue Scientific Reports, permet d’expliquer comment les chiens souffrant de troubles de la vue, de l’ouïe ou de l’odorat parviennent toujours à chasser avec succès.

Il faut savoir que la capacité de ressentir une chaleur faible et rayonnante n’est connue que pour un petit nombre d’animaux, qui l’utilisent pour chasser leurs proies : les coléoptères noirs, certains serpents et la chauve-souris vampire commune. La plupart des mammifères ont une peau nue et lisse au bout de leur truffe autour des narines, une zone que l’on nomme aussi rhinarium. Il se trouve que pour les chiens, la truffe est humide, plus froide que la température ambiante et dotée de nombreuses terminaisons nerveuses. Des scientifiques de l’université de Lund, en Suède, et de l’université Eötvös Loránd, en Hongrie, ont découvert que le rhinarium du chien fonctionne comme un capteur infrarouge. Anna Balint, l’auteure principale de l’étude,  explique que “les chiens peuvent ressentir le rayonnement thermique des corps chauds ou un faible rayonnement thermique et peuvent également diriger leur comportement en fonction de ce signal”.

Thermographie d’un chien, réalisée à une température ambiante de 27 °C. L’image montre un nez bien plus froid que le reste du corps, tandis que la langue est très chaude © Bálint, A., Andics, Dogs can sense weak thermal radiation / Nature Creative Commons

Deux expériences sur la capacité à détecter le rayonnement thermique

Les scientifiques ont réalisé un premier test, pour lequel ils ont entraîné trois chiens à choisir entre un objet chaud, d’une température de 31 °C, et un objet neutre à température ambiante. Ces deux objets étaient chacun placé à 1,6 mètre des chiens. Ces derniers n’étaient pas en mesure de voir ou de sentir la différence entre ces objets autrement que par leur rayonnement thermique, puisque les scientifiques eux-mêmes ne pouvaient détecter la différence qu’en touchant les surfaces. Après l’entraînement, les trois chiens sont parvenus à détecter les objets en fonction de leur rayonnement thermique.

Ensuite, les chercheurs ont réalisé un second test, pour lequel ils ont effectué une IRMf, c’est-à-dire une imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, sur le cerveau de 13 chiens de différentes races. Pendant l’examen, ils ont présenté aux chiens des objets émettant un rayonnement thermique neutre ou fort. Il est apparu que le cortex somatosensoriel gauche dans le cerveau des chiens, qui est chargé de délivrer les entrées du nez, était plus sensible au stimulus thermique chaud qu’au neutre. Les scientifiques ont ainsi identifié un groupe de 14 voxels, des sortes de pixels 3D, dans cette région de l’hémisphère gauche du cerveau du chien. Ils n’en ont en revanche pas trouvé dans l’hémisphère droit ni dans aucune partie du cerveau du chien en réponse au stimulus neutre. Ainsi, les scintigraphies cérébrales ont montré une plus grande activité cérébrale lorsque les scientifiques présentaient aux chiens des objets plus chauds que la température ambiante.

Les deux expériences révèlent que les chiens, comme les chauves-souris vampires, peuvent détecter de faibles points chauds, et qu’une région spécifique de leur cerveau est activée par ce rayonnement infrarouge. 

Scanner obtenu par IRMf d’un chien montrant une activité dans le cortex somatosensoriel gauche lors de la détection d’un rayonnement thermique. On y aperçoit un amas significatif de 14 voxels sur une image 3D reconstruite (gauche) et dans une tranche horizontale du cerveau (droit). © Bálint, A., Andics, Dogs can sense weak thermal radiation / Nature Creative Commons

Une capacité utilisée pour la chasse

Les chercheurs expliquent que « dans cette étude, nous avons utilisé des chiens de races et de tailles différentes ainsi que deux approches expérimentales différentes et avons constaté que la détection d’un faible rayonnement thermique est à la portée de l’espèce Canis familiaris. Les limites et les mécanismes de cette capacité restent à définir.”

Les scientifiques soupçonnent que les chiens aient hérité cette capacité de leur ancêtre, le loup gris, qui peut l’utiliser pour flairer les corps chauds lors d’une chasse. Gary Settles, professeur à la Pennsylvania State University, explique dans Science Mag que « l’étude est cohérente avec d’autres recherches qui décrivent le nez et le cerveau combinés du chien comme une plateforme sophistiquée pour traiter une large gamme de signaux ». Il doute néanmoins que les compétences de détection thermique des chiens puissent être utiles pour la chasse à longue distance.

Cette découverte pourrait néanmoins apporter de nouvelles perspectives sur les stratégies de chasse des prédateurs et sur la biologie des proies, puisque celle-ci pourrait prendre en compte le fait que certains prédateurs ont la capacité de détecter la chaleur corporelle.

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