Nimbadon
— © Peter Schouten / Wikimedia Commons

Il y a des millions d’années, les forêts australiennes abritaient un animal étonnant : le Nimbadon. Ce marsupial ressemblait à un ours, mais il avait des pouces opposables et il grimpait aux arbres. Il faisait partie des diprotodontoïdes, un groupe varié de marsupiaux disparus depuis longtemps, qui comprenait aussi le célèbre diprotodon, le plus grand marsupial de tous les temps. Qui était-il et comment vivait-il ?

Un marsupial géant et arboricole

Nimbadon vivait dans les forêts tropicales où il grimpait aux arbres avec ses bras puissants et ses griffes incurvées. Il se nourrissait de feuilles et d’écorces qu’il perçait avec ses dents. Il était l’un des plus grands herbivores ayant jamais vécu en Australie, avec un poids estimé à environ 70 kg.

Un animal adapté à la vie arboricole

Nimbadon avait une morphologie adaptée à la vie arboricole. Son crâne était large et plat, ce qui lui permettait de mâcher efficacement les végétaux. Ses yeux étaient situés sur les côtés de sa tête, ce qui lui donnait une bonne vision périphérique. Ses oreilles étaient petites et rondes, ce qui réduisait la résistance au vent lorsqu’il se déplaçait dans les branches.

Ses membres antérieurs étaient plus longs que ses membres postérieurs, ce qui lui conférait une grande agilité pour grimper. Ses mains et ses pieds étaient munis de pouces opposables et de griffes incurvées extrêmement grandes, conçues pour s’accrocher aux branches et percer l’écorce. Ses doigts étaient recouverts de poils épais, qui lui servaient de coussinets pour amortir les chocs.

ours
— Bull's-Eye Visual Arts / Shutterstock.com

Un animal solitaire et nocturne

Nimbadon était probablement un animal solitaire et nocturne. Il passait la journée à dormir dans un nid de feuilles situé dans une fourche d’arbre ou dans une cavité du tronc. Il sortait la nuit pour se nourrir des feuilles les plus tendres et les plus nutritives qu’il trouvait dans la canopée.

Il communiquait avec ses congénères par des sons graves et des marquages olfactifs. Il évitait les prédateurs comme les crocodiles arboricoles ou les lions marsupiaux en se réfugiant dans les hauteurs. Il n’avait pas de véritable compétiteur pour sa niche écologique, car il était le seul marsupial arboricole de cette taille.

Une découverte exceptionnelle

Nimbadon a été découvert pour la première fois en 1993 à Riversleigh, un site fossilifère exceptionnel situé dans le nord-ouest du Queensland. Les chercheurs ont d’abord cru qu’il s’agissait d’un hybride entre un wombat et un ours de Malaisie, mais ils ont ensuite établi sa singularité en tant qu’espèce grâce à la découverte de son squelette complet.

Les fossiles de Nimbadon sont remarquablement bien conservés et permettent de reconstituer son mode de vie et son développement. Des scientifiques de l’université de Sydney en Australie ont étudié les ossements de dix individus différents, représentant différents âges, du jeune au vieil adulte.

Ils ont découvert que Nimbadon avait une croissance cyclique, alternant des périodes d’expansion rapide et des périodes de ralentissement ou d’arrêt. Ce phénomène est connu chez certains marsupiaux actuels, comme le kangourou gris occidental, mais il était plus marqué et plus lent chez Nimbadon.

Nimbadon
— © Black KH, Camens AB, Archer M, Hand SJ / Wikimedia Commons

Un lien avec le folklore australien ?

Les chercheurs pensent que la croissance cyclique de Nimbadon était liée aux conditions saisonnières, qui influençaient la disponibilité des ressources alimentaires. Ils estiment qu’il fallait au moins sept ou huit cycles pour que Nimbadon atteigne la maturité sexuelle, ce qui pourrait correspondre à une durée de vie d’une dizaine d’années.

Nimbadon était un animal étrange et fascinant, qui n’a pas d’équivalent dans la faune actuelle. Il ressemblait davantage aux ours malais qu’aux wombats, ses cousins les plus proches. Il pourrait même être à l’origine des légendaires “ours d’automne” du folklore australien, des créatures mystérieuses qui vivent dans les arbres et tombent sur les animaux au sol sans prévenir.

Les scientifiques poursuivent leurs recherches sur Nimbadon pour mieux comprendre son régime alimentaire, sa phylogénie et son évolution. Ils espèrent ainsi élucider le mystère de ces “ours grimpeurs” qui peuplaient les jungles australiennes il y a des millions d’années.

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