Alors que le nombre de cas de Covid-19 continue d’augmenter à l’échelle mondiale, le Nigeria est actuellement confronté à ce qui s’avère être la plus grande épidémie de fièvre de Lassa au monde. Une maladie virale se révélant plus mortelle que le nouveau coronavirus.

774 cas confirmés et 132 décès en 2020

La fièvre de Lassa est une fièvre hémorragique virale (FHV) grave, comme Ebola, ayant été déclarée « épidémie active » par le Centre nigérian de contrôle des maladies (CNDC) fin 2019. L’épidémie, qui survient pendant la saison sèche annuelle (de novembre à mars), touche actuellement la moitié du pays. Comme le précise l’OMS, le virus est transmis à l’homme via l’ingestion d’aliments ou une exposition à des objets contaminés par l’urine et les excréments d’un rat. La transmission secondaire interhumaine se produit quant à elle par contact direct avec le sang, les sécrétions, les organes ou autres fluides corporels de personnes infectées.

L’épidémie, qui se propage rapidement depuis le début de l’année, touche 26 des 36 États du Nigeria. On dénombre à l’heure actuelle 774 cas confirmés et 132 décès.

Ces cinq dernières années, quatre épidémies de fièvre de Lassa ont touché le Nigeria. En seulement neuf semaines, les cas de fièvre de Lassa en 2020 représentent d’ores et déjà 96 % du total des cas en 2019, année où le virus a été le plus mortel (avec 810 cas et 167 décès). À titre de comparaison, le nombre total de cas était de 64 en 2015. Une tendance qui suggère non seulement que l’épidémie actuelle de fièvre de Lassa dépassera probablement celle de 2019, mais qu’elle se révèlera également plus durable et dévastatrice dans le années à venir.

— Free Wind 2014 / Shutterstock.com

« La fièvre de Lassa est notre problème numéro 1 dans cette partie du continent »

Les arenavirus, qui comprennent le virus Lassa, sont disproportionnellement enclins aux mutations. Virologue à la faculté de médecine de l’université d’Ibadan, dans le sud-ouest du Nigeria, le Dr Adewumi attribue l’augmentation rapide de l’épidémie chaque année à l’absence d’un système de surveillance efficace pour identifier et contrôler la circulation du virus dans le pays via les rongeurs et autres animaux. La fièvre de Lassa est connue pour avoir un taux de mortalité élevé, avec un taux de létalité atteignant 23 % pour le premier trimestre de 2019, soit un taux bien plus élevé que celui du Covid-19, estimé à environ 2 %.

Avant l’émergence du nouveau coronavirus, le CNDC se concentrait principalement sur la fièvre de Lassa. Mais il semble qu’à l’heure actuelle, ses efforts concernent principalement l’épidémie de coronavirus, en dépit des rapports faisant état d’une épidémie de fièvre de Lassa sans précédent dans le pays.

« Compte tenu de sa propension à la pandémie, il est compréhensible que L’OMS et les médias accordent davantage d’attention au coronavirus », estime Adewumi. « La fièvre de Lassa est notre problème numéro 1 dans cette partie du continent, il est donc de notre responsabilité de veiller à ce que l’épidémie soit contrôlée », conclut-il.

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